a digital library of Latin literature
   
CSL Home



Keyword Search
  
     advanced search

Browse by:
          Author
          Title
          Genre
          Date

Full Corpus:
   All available texts
      (single page)



Help
Secondary Texts

What's New
Copyright
Credits
Contact Us

Pseudo-Aurelius Victor
Les Hommes Illustres de la Ville de Rome
traduit par Marie-Pierre Arnaud-Lindet, 2004


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86

I. Du mythique Proca aux débuts de la République

Les rois de Rome

Proca et sa descendance

Le mythe des jumeaux
1,1 Proca, roi des Albains, avaient des fils, Amulius et Numitor, auxquels il laissa le pouvoir royal qu'ils devaient exercer pendant un an chacun à son tour, de telle sorte qu'ils gouvernent en alternance. Mais Amulius ne céda pas le pouvoir à son frère et, pour le priver de descendance, il établit prêtresse de Vesta sa fille, Rhea Silvia, afin qu'elle soit tenue dans une virginité perpétuelle, et celle-ci, étreinte par Mars, enfanta Remus et Romulus. 2 Amulius l'enferma dans un cachot, jeta au Tibre les bébés que le flot abandonna au sec. 3 À leur vagissement, une louve accourut et les nourrit de ses mamelles. Bientôt après, le berger Faustulus les recueillit et les donna à élever à son épouse Acca Laurentia1.

Fondation de Rome
4 Ensuite, après le meurtre d'Amulius, ils rendirent le pouvoir royal à leur grand-père Numitor ; quant à eux, après avoir rassemblé des bergers, ils fondèrent une cité que Romulus —vainqueur de l'observation augurale puisqu'il avait vu douze vautours et Remus six— appela Rome ; et afin de la garantir par des lois avant de la protéger avec des remparts, il ordonna que personne ne franchisse le retranchement ; Remus le franchit en se moquant et fut tué, dit-on, d'un coup de houe par le centurion Celer2.

Romulus (754/3-717 av. J.-C.)3

Enlèvement des Sabines
2,1 Romulus ouvrit un refuge aux étrangers venus de partout et comme, après avoir formé une grande troupe, il voyait que les épouses faisaient défaut, il s'adressa aux cités voisines par l'intermédiaire d'ambassadeurs. 2 Sur leur refus, il feignit de donner les Jeux de Consus4 : alors qu'une foule de gens des deux sexes y était venue, à un signal donné aux siens les jeunes filles furent enlevées. Comme l'une d'elles, la plus belle, était conduite en cortège, accompagnée de la curiosité admirative de tous, on répondit qu'elle était conduite à Talassius ; 3 et parce que ce mariage fut heureux, il fut institué qu'on répéterait le nom de Talassius dans tous les cortèges nuptiaux.

Guerre contre les gens de Caenina
Alors que les Romains avaient enlevé par violence les femmes de leurs voisins, les Caeninenses entrèrent en guerre contre eux les premiers. Romulus marcha à leur rencontre et vainquit leur chef Acron5 en combat singulier. 4 Il consacra les dépouilles opimes à Jupiter Férétrien au Capitole.

Guerre contre les Sabins
5 Les Sabins entreprirent une guerre contre les Romains en raison des femmes enlevées, et comme ils approchaient de Rome, ils tombèrent sur la vierge Tarpeia qui était descendue puiser de l'eau pour les cérémonies sacrées : T. Tatius lui fit espérer un présent si elle conduisait son armée sur la citadelle. 6 Elle demanda ce qu'ils portaient à la main gauche, à savoir des anneaux et des bracelets et, après qu'on les lui eût promis perfidement, elle conduisit les Sabins sur la citadelle où Tatius ordonna de l'ensevelir sous les boucliers ; en effet, ils avaient aussi cela à main gauche. 7 Romulus s'avança contre Tatius qui tenait la roche Tarpéienne, et il engagea le combat à l'endroit où se trouve maintenant le forum romain : là, Hostus Hostilius, qui luttait très courageusement, tomba, et les Romains, épouvantés par sa mort, se mirent à fuir. 8 Alors Romulus voua un sanctuaire à Jupiter Stator et l'armée se reprit, soit par hasard, soit sous l'inspiration divine. 9 Alors les jeunes filles enlevées s'interposèrent et ayant supplié d'un côté leurs pères, de l'autre leurs époux, elles les gagnèrent à la paix.

Union avec les Sabins
10 Romulus conclut un traité et reçut les Sabins dans la Ville ; il appela le peuple "Quirites" du nom de Cures, la ville des Sabins. Il appela les cent sénateurs "Pères", par piété filiale.

11 Il forma trois centuries de chevaliers qu'il appela "Ramnes", d'après son nom, "Tatienses" d'après Titus Tatius, "Luceres" d'après la communauté du bois sacré. 12 Il distribua la plèbe en trente curies et appela celles-ci du nom des femmes enlevées.

Disparition et apothéose de Romulus
13 Alors qu'il purifiait l'armée près du marais de la Chèvre, il disparut complètement à la vue ; en conséquence, une sédition étant née entre les Pères et le peuple, Julius Proculus, un noble, se rendit à l'assemblée et affirma sous serment que Romulus, revêtu d'une très auguste apparence, lui était apparu sur la colline du Quirinal alors qu'il s'en allait vers les dieux, et que ce même Romulus avait ordonné qu'ils se tiennent à l'écart des séditions, qu'ils cultivent la vertu : ainsi, ils seraient les maîtres de toutes les nations. 14 On fit confiance à l'autorité de son témoignage. Un sanctuaire à Romulus fut fondé sur la colline du Quirinal ; Romulus lui-même fut honoré comme un dieu et fut surnommé Quirinus.

Numa (717-673 av. J.-C.)

Un roi fondateur
3,1 Après la divinisation de Romulus l'interrègne durait depuis longtemps et des séditions naissaient ; alors que Numa Pompilius, fils de Pomponius6, appelé de Cures, bourgade des Sabins, était venu à Rome avec des auspices d'oiseaux favorables, il institua de très nombreux rites sacrés pour adoucir par la religion un peuple farouche. Il fit le sanctuaire de Vesta, choisit les vierges vestales, les trois flamines de Jupiter, de Mars, de Quirinus, les douze Saliens, prêtres de Mars, dont le premier est appelé le praesul7, il créa un grand pontife, construisit des portes pour le Janus Geminus. Il divisa l'année en douze mois, après y avoir ajouté janvier et février. 2 Il proposa aussi bien des lois utiles, feignant d'accomplir tout de qu'il faisait sur l'ordre de la nymphe Égérie, son épouse. En raison de son si grand esprit de justice, personne ne lui déclara la guerre.

Les livres de Numa
Enlevé par la maladie, il fut enseveli sur le Janicule, là où, des années après, des coffrets contenant des livres furent déterrés par un certain Terentius ; et ces livres, parce qu'ils contenaient des positions peu sérieuses sur les rites sacrés, furent brûlés par décision des Pères8.

Tullus Hostilius (672-640 av. J.-C.)

Un roi guerrier
4,1 Tullus Hostilius, créé roi parce qu'il avait fait du bon travail contre les Sabins9, déclara aux Albains une guerre qui se termina par le combat des jumeaux. 2 Il détruisit Albe à cause de la perfidie de leur chef Mettius Fufetius ; il ordonna aux Albains de passer à Rome. 3 Il fonda la curie Hostilia. Il ajouta à la Ville le mont Caelius. 4 Et, tandis qu'il reproduisait les rites sacrés de Numa, il ne put sacrifier à Jupiter Élix avec de bons présages ; frappé par la foudre, il brûla avec le palais royal.

Combat des Horaces et des Curiaces10
5 Comme une guerre avait commencé entre les Romains et les Albains, il plut à leurs chefs, Hostilius et Fufetius, de terminer l'affaire par le combat d'un petit nombre. 6 Il y avait chez les Romains trois frères jumeaux, les Horaces, et trois chez les Albains, les Curiaces ; et ceux-ci, se courant sus une fois le traité conclu, deux Romains tombèrent aussitôt, trois Albains furent blessés. 7 Le seul Horace, parce que, bien qu'indemne, il était inégal aux trois, feignit de prendre la fuite et tua ses poursuivants un par un par échelon selon que la douleur de leurs blessures les affectait. 8 Et comme il revenait chargé de leurs dépouilles, il rencontra sa sœur qui se mit à pleurer après avoir vu le manteau de son fiancé qui était l'un des Curiaces. Son frère la tua. 9 Condamné pour cet acte par les duumvirs, il fit appel au peuple ; donné en grâce aux larmes de son père, il fut envoyé par celui-ci en expiation sous une poutre qui, située encore maintenant au dessus de la route, est appelée la poutre de la sœur11.

Histoire de Mettius Fufetius12
10 Comme Mettius Fufetius, le chef des Albains, se voyait haï de ces concitoyens parce qu'il avait terminé la guerre par le combat singulier des jumeaux, il excita contre les Romains les Véiens et les Fidénates afin d'améliorer sa situation. 11 Appelé en renfort par Tullus, il retira de lui-même son armée sur une colline pour suivre la Fortune. Ayant compris le procédé, Tullus dit d'une voix forte que Mettius avait agi ainsi sur son ordre. 12 De ce fait, les ennemis furent terrifiés et vaincus. 13 Le lendemain, comme Mettius était venu féliciter Tullus, il fut lié à un attelage de quatre chevaux et écartelé sur l'ordre du roi lui-même13.

Ancus Marcius (639-616 av. J.-C.)
5,1 Ancus Marcius, petit-fils de Numa Pompilius par sa fille, semblable à son grand-père par le sens de la justice et le sentiment religieux, soumit les Latins par la guerre. 2 Il ajouta à la Ville le monts Aventin et Janicule14 ; il entoura de nouveaux remparts la ville fortifiée. Il expropria les forêts pour construire des navires15. Il institua la redevance sur les Salines. 3 Le premier, il construisit une prison. Il fonda la colonie d'Ostie à l'embouchure du Tibre pour les approvisionnements maritimes. 4 Il reprit des Équicoles le droit fécial qu'utilisent les ambassadeurs pour demander réparation, ce droit dont on dit que Rhesus16 fut le premier à le définir. 5 Cela fait, enlevé en quelques jours par une mort prématurée, il ne put se montrer un roi tel qu'il avait promis d'être.

Tarquin l'Ancien (616-579 av. J.-C.)

Origines et accession au pouvoir
6,1 Lucius Tarquinius Priscus était le fils de Démarate de Corinthe, celui qui, fuyant le tyran Cypselos, émigra en Étrurie. 2 Lui-même, surnommé Lucumon17, gagna Rome après avoir quitté Tarquinies. 3 Au moment où il arrivait, un aigle lui ôta son bonnet, puis le reposa alors qu'il le survolait de haut. 4 Son épouse Tanaquil, experte dans l'interprétation des augures, comprit que la royauté lui était annoncée. 5 Grâce à sa fortune et à son activité empressée, Tarquin acquis de la dignité et aussi l'amitié du roi Ancus ; laissé par ce dernier comme tuteur de ses enfants, il s'empara du pouvoir royal et l'exerça comme s'il l'avait obtenu de droit.

Réformes
6 Il recruta pour la curie cent Pères qui furent appelés les Pères des familles de second rang. 7 Il doubla en nombre les centuries de chevaliers ; il ne put changer leurs noms, détourné de le faire par l'autorité et les présages auguraux d'Attus Nevius qui confirma la confiance en son art par le couteau et la pierre18. 8 Il soumit les Latins en leur faisant la guerre. Il construisit le Grand Cirque. Il institua les Grands Jeux. Il célébra un triomphe sur les Sabins et les Anciens Latins. Il entoura la Ville d'une muraille de pierre. 9 Il donna à son fils âgé de treize ans la toge prétexte et une bulle parce qu'il avait frappé à mort un ennemi au combat : à partir de là elles devinrent les insignes des enfants de naissance libre.

Un tyran assassiné
10 Puis, des assassins ayant été envoyés par les fils d'Ancus, il fut attiré hors du palais par ruse et tué19.

Servius Tullius (578-535 av. J.-C.)

Origines de Servius Tullius
7,1 Alors que Servius Tullius, fils de Tullius Corniculanus et de la captive Ocresia20, était élevé dans la maison de Tarquin l'Ancien, sa tête fut entourée d'une espèce de flamme. 2 À cette vision, Tanaquil comprit que la dignité suprême lui était annoncée. 3 Elle persuada son époux d'élever Servius comme ses propres enfants. 4 Alors qu'il avait grandi, il fut pris pour gendre par Tarquin et, alors que le roi avait été tué, Tanaquil, regardant de haut le peuple depuis un emplacement surélevé, dit que l'Ancien, atteint par une blessure grave, certes, mais non pas mortelle, avait demandé que, le temps qu'il guérisse, ils obéissent au dit Servius Tullius.

Un règne fondateur
5 Servius Tullius commença à régner comme à titre précaire, mais il administra l'empire avec rectitude. 6 Il vainquit souvent les Étrusques, il ajouta à la Ville les collines du Viminal et du Quirinal et les Esquilies, il fit un rempart et un fossé. 7 Il répartit le peuple en quatre tribus et ensuite distribua l'annone à la plèbe. 8 Il établit les mesures, les poids, les classes et les centuries.

9 Il persuada les peuples latins de suivre l'exemple de ceux qui avaient fait un sanctuaire à Diane à Éphèse et ils édifièrent eux-mêmes le temple de Diane sur l'Aventin. 10 Cela fait, une génisse d'une taille étonnante naquit chez un Latin, et l'explication donnée en songe fut que le peuple dont un citoyen immolerait cette génisse à Diane aurait le pouvoir suprême. 11 Le Latin mena la génisse sur l'Aventin et exposa l'affaire au prêtre romain. 12 Celui-ci lui dit habilement qu'il devait d'abord se purifier les mains dans l'eau courante du fleuve. 13 Pendant que le Latin descendait au bord du Tibre, le prêtre immola la génisse. 14 Ainsi, il acquit l'empire pour ses concitoyens et, pour lui-même, la gloire par ce qu'il avait fait et par son stratagème.

La fin de Servius Tullius
15 Servius Tullius avait deux filles : l'une farouche, l'autre tendre ; voyant les mêmes caractères chez les fils de Tarquin, il donna en mariage la farouche au tendre, la tendre au farouche. 16 Mais les tendres périrent, soit fortuitement, soit par une manœuvre criminelle21 : la similitude des tempéraments réunit les farouches.

17 Aussitôt, Tarquin le Superbe, poussé par Tullia, commença à réclamer le royaume de ses pères au Sénat qu'il avait convoqué. 18 Ce qu'ayant appris, Servius se hâtait vers la Curie quand il fut jeté au bas des degrés sur l'ordre de Tarquin et tué pendant qu'il fuyait vers sa maison. 19 Tullia gagna en hâte le forum et, la première, salua roi son époux qui lui ordonna de se retirer à l'écart de la foule. Ayant vu le cadavre de son père pendant qu'elle revenait chez elle, elle donna au muletier, qui l'évitait, l'ordre de faire passer son carrosse sur le cadavre-même : de là vient que le chemin fut appelé le "chemin du crime". Par la suite, Tullia fut envoyée en exil avec son époux.

Tarquin le Superbe (534-509 av. J.-C.)

Les événements du règne
8,1 Tarquin le Superbe mérita son surnom par son caractère. Après le meurtre de Servius Tullius, il s'empara criminellement du pouvoir royal. 2 Cependant, énergique à la guerre, il écrasa les Latins et les Sabins ; il arracha aux Étrusques Suessa Pometia ; il fit passer Gabies sous son pouvoir grâce à son fils Sextus qui avait fait mine de passer à l'ennemi, et, le premier, il institua les Féries latines. 3 Il donna des jeux au Cirque ; et il fit la Cloaca Maxima pour laquelle on utilisa les forces du peuple tout entier : de là vient qu'elle est appelée "tranchées des Quirites". 4 Alors qu'il avait commencé le Capitole, il trouva une tête d'homme ce qui fit savoir que cette ville serait la tête des nations22.

La fin de Tarquin
5 Et comme, pendant le siège d'Ardées, son fils avait porté atteinte à l'honneur de Lucrèce, il fut exilé avec lui et alla se réfugier auprès de Porsenna, roi d'Étrurie, grâce aux ressources duquel il essaya de reprendre le pouvoir. 6 Chassé, il se rendit à Cumes23 où il passa dans le plus grand déshonneur le temps qu'il lui restait à vivre.


L'expulsion des rois et la lutte contre les alliés des Tarquins

Tarquin Collatin et Lucrèce (509 av. J.-C.)

Les circonstances
9,1 Tarquin Collatin, fils d'une sœur de Tarquin le Superbe, était à Ardées en compagnie des jeunes princes ; là, comme il se trouvait qu'au gré des libres propos de table chacun louait sa propre épouse, on décida d'en faire l'épreuve. C'est pourquoi ils gagnent Rome à cheval. Ils surprennent les brus royales à un festin et dans la débauche. 2 Ensuite, ils gagnent Collatia. Ils trouvent Lucrèce au milieu de ses servantes, occupée au travail de la laine : c'est pourquoi elle est jugée la plus chaste24.

Le viol de Lucrèce
3 Pour la corrompre, Sextus Tarquin retourna de nuit à Collatia et arriva dans la maison de Collatin en usant du droit de parenté, il fit irruption dans la chambre de Lucrèce, et vint à bout de sa chasteté. 4 Le lendemain, ayant appelé son père et son époux, elle leur exposa la chose et se tua avec un couteau qu'elle avait caché sous son vêtement. 5 Ces grands personnages formèrent une conjuration pour la perte des rois et vengèrent par l'exil de ceux-ci la mort violente de Lucrèce.

Brutus (consul en 509 av. J.-C.)

Un caractère habilement dissimulé
10,1 Comme Junius Brutus, né d'une sœur de Tarquin le Superbe, craignait la même mauvaise fortune dans laquelle était tombé son frère, qui avait été tué par leur oncle à cause de ses richesses et de sa sagesse, il feignit la stupidité, de là vient qu'il était surnommé "Brutus" (l'abruti). 2 Convié par dérision à accompagner les jeunes princes qui se rendaient à Delphes, il offrit en don au dieu de l'or coulé à l'intérieur d'une baguette de sureau. 3 Quand l'oracle répondit qu'aurait le pouvoir suprême celui qui le premier embrasserait sa mère, il embrassa la terre.

L'expulsion des Tarquins
4 Ensuite, à cause du viol de Lucrèce, il forma avec Tricipitinus25 et Collatin une conjuration pour la perte des rois. 5 Quand ceux-ci furent envoyés en exil, premier consul à être créé, il fit décapiter à la hache ses fils déchirés de coups de verges parce qu'ils avaient formé une conjuration avec les Aquilius et les Vitellius pour ramener les Tarquins dans la Ville.

Mort au combat
6 Ensuite, au cours d'une bataille qu'il leur livrait, il rencontra Arruns, le fils de Tarquin, dans un combat singulier au cours duquel ils tombèrent tous les deux, frappés de blessures qu'ils s'étaient infligées mutuellement. 7 Son cadavre fut déposé au forum ; l'éloge funéraire fut prononcé par son collègue26 ; les matrones portèrent le deuil pendant un an.

Horatius Coclès (508 av. J.-C.)
11,1 Alors que Porsenna, roi des Étrusques, essayait de restaurer les Tarquins dans la Ville, et qu'au premier assaut il avait pris le Janicule, Horatius Coclès (le Borgne) —surnommé ainsi parce qu'il avait perdu un œil dans un autre combat— se dressa devant le pont Sublicius et contint à lui seul la formation de combat des ennemis jusqu'à ce que le pont soit coupé derrière lui ; il sauta alors dans le Tibre et traversa en armes à la nage pour rejoindre les siens. 2 Pour cet exploit, on lui donna autant du domaine public qu'il était capable d'entourer en un seul jour avec un araire. On lui érigea aussi une statue au Vulcanal.

Mucius Cordus "Scaevola" (508 av. J.-C.)
12,1 Alors que le roi Porsenna assiégeait la Ville, Mucius Cordus, un héros d'une fermeté romaine, vint au Sénat et demanda la grâce de passer à l'ennemi en promettant en retour l'assassinat du roi. 2 La permission accordée, il vint au camp de Porsenna et y tua un homme vêtu de pourpre, l'ayant pris pour le roi. 3 Appréhendé et amené devant le roi, il posa sa main droite sur les autels27, réclamant ce supplice pour la main coupable de s'être trompé de victime. 4 Comme il était tiré de là par la miséricorde du roi, il dit, comme s'il rendait le bienfait, que trois cents hommes semblables s'étaient liés par serment contre lui. 5 Le roi, terrifié par cette conduite, cessa les hostilités après avoir reçu des otages. 6 On donna à Mucius des prairies de l'autre côté du Tibre, qui furent appelées " prairies Mucia" d'après son nom. 7 Une statue lui fut aussi érigée en marque d'honneur.

Clélie (508 av. J.-C.)
13,1 Porsenna reçut parmi les otages la noble vierge Clélie qui, ayant trompé les gardes pendant la nuit, sortit du camp, s'empara d'un cheval que le hasard lui avait offert et traversa le Tibre. 2 Réclamée par Porsenna par l'intermédiaire d'ambassadeurs, elle fut rendue. 3 Celui-ci, admirant la vertu de la jeune fille, lui permit de rentrer dans sa patrie avec ceux qu'elle désirait. 4 Elle choisit les vierges et les enfants dont elle savait l'âge exposé à l'injustice. On lui érigea une statue équestre au Forum.

Les Fabius et le désastre du Crémère
14,1 28Alors que les Romains se battaient contre les Véiens, la maisonnée des Fabius les réclama comme ennemis à titre privé, et ils partirent trois cent six avec le consul Fabius comme chef.

2 Alors qu'ils étaient restés souvent vainqueurs, ils établirent leur camp près du fleuve Crémère. 3 Les Véiens, étant passés aux ruses, poussèrent sous leurs yeux du bétail venu du côté opposé : les Fabius s'étant avancés dans sa direction tombèrent dans une embuscade et périrent jusqu'au dernier29. 4 Le jour où cela s'était produit fut mis au nombre des jours néfastes. 5 La porte par où ils étaient partis fut appelée porte Scélérate30.

6 Un seul membre de cette famille, qui avait été laissé à la maison à cause de son jeune âge, perpétua le lignage jusqu'à Q. Fabius Maximus qui affaiblit Hannibal par son absence de précipitation et fut surnommé "Cunctator" (Le Temporisateur) par ses détracteurs31.

Valerius Publicola (consul en 509, 507, 504 av. J.-C.)
15,1 Lucius Valerius, fils de Volesus, célébra en premier lieu un triomphe sur les Véiens, en second lieu sur les Sabins, en troisième lieu sur les deux peuples. 2 Il fut soupçonné d'aspirer à la royauté parce qu'il n'avait pas subrogé de consul en remplacement de son collègue Tricipitinus32 et parce qu'il avait une maison sur la Vélia dans un emplacement très bien défendu33. 3 L'ayant su, il se plaignit devant le peuple de ce qu'ils avaient redouté de lui quelque chose de tel et il envoya des gens détruire sa propre maison. 4 Il fit retirer les haches des faisceaux et abaissa ces derniers à la réunion de peuple. 5 Il proposa devant le peuple la loi sur l'appel des décisions des magistrats34. 6 De là vient qu'il fut appelé "Publicola" (le Démocrate). Quand il mourut, il eut des funérailles publiques et fut honoré d'un deuil d'un an par les matrones.

Aulus Postumius (dictateur en 499, consul en 496 av. J.-C.)
16,1 Expulsé, Tarquin se réfugia auprès de Mamilius Tusculanus, son gendre, et alors que ce dernier, ayant soulevé le Latium, serrait dangereusement de près les Romains, A. Postumius, créé dictateur, engagea le combat avec les ennemis près du lac Régille. 2 Là, comme la victoire hésitait, le maître de la cavalerie ordonna de débrider les chevaux afin qu'ils soient emportés par un élan impossible à arrêter, alors les Romains enfoncèrent la ligne de bataille des Latins et prirent leur camp. 3 Cependant, parmi eux, deux jeunes gens montés sur des chevaux blancs se montrèrent d'une valeur militaire remarquable ; et le dictateur ne les retrouva pas quand il les eut cherchés pour les honorer de dignes récompenses : ayant conclu que c'était Castor et Pollux, il leur dédia une plaque commémorative commune35.


II. La défense de Rome et l'expansion en Italie

Cincinnatus (dictateur en 458, 439 av. J.-C.)
17,1 Lucius Quinctius Cincinnatus renia son fils très impertinent, Caeso, qui, noté aussi d'infamie par les censeurs, s'enfuit chez les Volsques et les Sabins qui faisaient la guerre aux Romains sous le commandement de Clœlius Gracchus, et assiégeaient avec leur armée le consul Minucius sur le mont Algide. Quinctius fut créé dictateur : les légats qui lui furent envoyés le trouvèrent en train de labourer, nu, de l'autre côté du Tibre ; après avoir pris les insignes du pouvoir, il délivra du siège le consul. 2 C'est pourquoi il fut gratifié par Minucius et par son armée d'une couronne de siège en or. 3 Il vainquit les ennemis, reçut la capitulation de leur chef et le mena devant son char le jour du triomphe. 4 Il déposa au bout de quinze jours la dictature qu'il avait reçue et retourna au travail des champs.

5 De nouveau dictateur vingt ans après, il ordonna à son maître de la cavalerie Servilius Ahala de tuer Spurius Maelius qui aspirait à la royauté ; la maison de Spurius fut rasée : de là vient que l'emplacement est appelé "Plan de Maelius"36.

Menenius Agrippa (494 av. J.-C. pour l'anecdote)
18,1 Menenius Agrippa, surnommé "Lanatus" (le Mouton laineux), choisi comme général contre les Sabins, célébra un triomphe sur ceux-ci.

2 Et, alors que le peuple s'était séparé des Pères parce qu'il supportait le poids du tribut et du service militaire, et qu'on ne pouvait le faire revenir, Agrippa dit devant lui : "Un jour, alors que les membres de l'homme méprisaient le ventre oisif, ils furent en mésintelligence avec lui et lui refusèrent leur office. 3 Comme, de ce fait, ils dépérirent aussi eux-mêmes, ils comprirent que le ventre distribuait à travers tous les membres la nourriture qu'il recevait et il se remirent bien avec lui. 4 Ainsi le Sénat et le peuple, comme un corps unique, périssent du fait de la discorde, se portent bien grâce à la concorde." 5 Le peuple revint grâce à cette fable ; 6 il créa cependant les tribuns de la plèbe pour qu'ils défendent sa liberté contre l'arrogance de la noblesse.

7 Quant à Menenius, il mourut dans une si grande pauvreté que le peuple lui fit des funérailles en collectant des quart d'as ; le Sénat donna aux frais de l'État un emplacement pour son tombeau.

Coriolan († 488 av. J.-C. ?)

Vertu romaine
19,1 Cneus Marcius, surnommé Coriolan d'après Corioles, une ville des Volsques qu'il avait prise, recevant de Postumius le droit de choisir des récompenses pour ses remarquables faits d'armes37, se fit donner seulement un cheval et remettre un hôte, exemple de vertu et de piété.

Arrogance patricienne
2 Consul lors d'une grave pénurie de ravitaillement, il veilla à fournir au peuple à très haut prix le blé apporté de Sicile, afin que, à la suite de ce déni de justice, la plèbe cultive les champs et non les séditions.

Trahison
3 En conséquence, cité en justice par le tribun de la plèbe Decius, il se rendit chez les Volsques et les excita contre les Romains avec leur chef Titus Tatius, et il établit son camp à quatre milles de la Ville. 4 Alors qu'il ne se laissait fléchir par aucune délégation de ses concitoyens, il fut ému par sa mère Veturia et son épouse Volumnia qui accompagnaient un groupe des matrones ; après avoir renoncé à la guerre, il fut tué comme traître38. 5 Un temple à la Fortune féminine fut édifié à cet endroit.

Licinius Stolo (consul en 366 av. J.-C.)

Une rivalité entre sœurs amène l'accession de plébéiens au consulat
20,1 Fabius Ambustus donna comme épouse l'une de ses deux filles au plébéien Licinius Stolo, l'autre au patricien Aulus Sulpicius39. Alors que la plébéienne faisait une visite à sa sœur, dont le mari était tribun militaire à pouvoir consulaire, elle s'effraya de manière incongrue des faisceaux des licteurs plaqués contre les portes40. Tournée en dérision par sa sœur, elle se plaignit à son mari qui, dès qu'il accéda au tribunat de la plèbe, proposa avec l'appui de son beau-père une loi en vertu de laquelle l'un des deux consuls serait issu de la plèbe. 2 Malgré l'opposition d'Appius Claudius41, la loi fut cependant promulguée, et Licinius Stolo devint consul le premier.

Première loi agraire
3 C'est le même qui interdit par une loi que quelqu'un soit autorisé à détenir plus de cinq cents jugères du domaine public. 4 Et, alors qu'il détenait lui-même cinq cents jugères, et était en possession d'un autre lot au nom de son fils émancipé, il fut cité à comparaître et fut le premier de tous à être puni en application de sa propre loi.

Ap. Claudius Crassinus (consul en 471,451, triumvir 451–450 av. J.-C.)

Les décemvirs
21,1 Comme le peuple romain ne pouvait pas supporter les magistrats factieux, il créa des décemvirs pour rédiger les lois, et ceux-ci les affichèrent sur douze tables après les avoir traduites des livres de Solon.

Histoire de Virginie
2 Mais alors qu'ils avaient prorogé leur magistrature par un pacte de domination, l'un d'eux, Appius Claudius, s'éprit de Virginie, fille du centurion Virginius qui combattait sur l'Algilde. Comme il ne pouvait la séduire, il chargea en sous-main un client de la réclamer comme esclave, pensant l'emporter facilement puisqu'il était lui-même en même temps l'accusateur et le juge. 3 Alors que le père, ayant appris la chose, était arrivé le jour-même du procès et avait vu sa fille adjugée, ayant demandé d'avoir avec elle un dernier entretien, il l'emmena à l'écart et la tua ; et, portant son cadavre sur l'épaule, il se réfugia auprès de l'armée et enflamma les soldats pour venger le forfait ; après avoir créé dix tribuns, ils occupèrent l'Aventin, obligèrent les décemvirs à abdiquer leur magistrature et les punirent tous de mort ou d'exil. Appius Claudius fut tué dans sa prison42.

Ogulnius et le serpent d'Esculape (292 av. J.-C. pour l'anecdote)
22,1 Avertis par la réponse d'un oracle qu'il leur fallait, en raison de la pestilence, faire venir Esculape d'Épidaure, les Romains envoyèrent dix ambassadeurs43 dirigés par Q. Ogulnius. 2 Comme ils y étaient venus et qu'ils admiraient l'immense statue44, un serpent, vénérable et non pas effrayant, se glissa hors de la base de la statue ; à l'étonnement de tous, il se dirigea vers le navire romain en traversant le centre de la ville et s'enroula dans la tente d'Ogulnius. 3 Les ambassadeurs, conduisant le dieu, firent la traversée jusqu'à Antium : là, par mer calme, le serpent gagna le sanctuaire voisin d'Esculape ; puis, au bout de quelques jours, il revint sur le navire, et comme on lui faisait remonter le Tibre, il sauta dans l'île toute proche où un temple lui fut bâti45, et la pestilence s'apaisa avec une étonnante rapidité.

Camille (dictateur en 390 av. J.-C., † 365)

Premières victoires et exil de Camille
23,1 Alors que Furius Camillus assiégeait les Falisques et qu'un maître d'école lui avait amené les fils des principaux citoyens, il le livra enchaîné à ces mêmes enfants pour qu'ils le ramènent dans la ville et le battent de verges. 2 Aussitôt les Falisques lui firent reddition à cause d'un si grande acte de justice. 3 Il soumit les Véiens en les assiégeant l'hiver et célébra sur eux le triomphe. 4 Par la suite, il fut mis en accusation parce qu'il avait célébré son triomphe avec des chevaux blancs et qu'il avait réparti injustement le butin : condamné à l'audience par le tribun de la plèbe L. Apuleius [Saturninus], il gagna Ardées.

Défaite de l'Allia et prise de Rome par les Gaulois
5 Peu après, alors que les Gaulois Sénons assiégeaient Clusium, une place d'Italie, après avoir abandonné leurs propres terres en raison de leur infertilité, trois Fabius furent envoyés de Rome pour mettre en demeure les Gaulois de lever le siège. 6 L'un des Fabius s'avança sur la ligne de bataille, contrairement au droit des gens, et tua le chef des Sénons. 7 Choqués par cette action, les Gaulois ayant demandé qu'on leur livre les ambassadeurs et ne l'ayant pas obtenu, gagnèrent Rome et taillèrent en pièces l'armée romaine près du fleuve Allia, le seizième jour avant les calendes d'août46 : ce jour, appelé "jour de l'Allia" fut rangé parmi les jours néfastes. 8 Vainqueurs, les Gaulois entrèrent dans la Ville où ils tuèrent les plus nobles des vieillards assis sur leurs chaises curules et revêtus des insignes de leurs charges : ils les avaient d'abord vénérés en tant que dieux, puis méprisés en tant qu'hommes.

Défense du Capitole et victoire de Camille
9 Le reste de la jeunesse s'enfuit sur le Capitole avec Manlius, où, assiégée, elle fut sauvée par la valeur militaire de Camille. Ce dernier, créé dictateur en son absence, fit un massacre des Gaulois qui n'étaient pas sur leurs gardes, après avoir rassemblé le reste des troupes. 10 Il retint le peuple romain qui voulait émigrer à Véies. Ainsi, il rendit à la fois la ville aux citoyens et les citoyens à la ville.

Manlius Capitolinus (consul en 392, † 384 av. J.-C.)

Défense du Capitole
24,1 Manlius, surnommé "Capitolinus" en raison de la défense du Capitole, se présenta à seize ans comme soldat volontaire. 2 Il fut honoré par ses chefs de trente-sept récompenses militaires et il avait vingt-trois cicatrices sur le corps. 3 Après la prise de la Ville, c'est lui qui eut l'idée de chercher refuge sur le Capitole. 4 Une nuit, réveillé par le cri d'une oie, il jeta en bas les Gaulois qui montaient. Il fut appelé "patron" par les citoyens et reçut du froment. 5 Il reçut aussi une maison sur le Capitole aux frais de l'État.

Démesure et fin tragique de Manlius
Emporté par l'orgueil, alors qu'il lui était reproché par le Sénat d'avoir détourné les trésors gaulois, et qu'il avait libéré avec son propre argent les débiteurs qui avaient été adjugés à leurs créanciers, soupçonné d'aspirer à la royauté, il fut jeté au cachot et libéré par un consensus populaire. 6 De nouveau, comme il persévérait dans la même faute, et plus gravement, il fut mis en accusation et élargi à cause de la vue du Capitole. Ensuite, il fut condamné à un autre endroit et précipité du haut de la roche Tarpéienne, sa maison détruite, ses biens vendus publiquement aux enchères. 7 Sa famille renonça au surnom47 de Manlius.

Cornelius Cossus (consul en 428 av. J.-C.)
25,1 Les Fidénates, de vieux ennemis des Romains, tuèrent les ambassadeurs qui leur avaient été envoyés afin de combattre avec plus de courage, sans espoir de pardon ; le dictateur Quinctius Cincinnatus48, envoyé contre eux, avait comme maître de la cavalerie Cornelius Cossus qui tua de sa propre main le lars Tolumnius49. Il fut le second après Romulus à consacrer à Jupiter Férétrien les dépouilles opimes arrachées au lars.

Decius Mus l'Ancien (consul en 340 av. J.-C.)

Une manœuvre habile
26,1 Au cours de la guerre Samnite, Publius Decius Mus, était tribun militaire sous le commandement des consuls Valerius Maximus et Cornelius Cossus50 ; l'armée ayant été bloquée dans les défilés du mont Gaurus par les embuscades des ennemis, il s'échappa vers une position surplombante après avoir reçu la troupe qu'il avait demandée et terrifia les ennemis. 2 Lui-même s'échappa sain et sauf à la faveur de la nuit au milieu des postes de gardes terrassés par le sommeil. 3 Pour cette raison, il lui fut donné par l'armée une couronne civique.

Un rite guerrier : la deuotio à la bataille du Veseris
4 Il était consul pendant la guerre latine avec Manlius Torquatus pour collègue : comme, dans le camp établi près du fleuve Veseris, les deux consuls avaient vu en songe que seraient vainqueurs ceux dont le chef tomberait pendant le combat, 5 alors, après avoir rapproché son rêve de celui de son collègue, il fut convenu que celui dont la formation serait en difficulté sur le champ de bataille se vouerait aux dieux mânes : son aile étant en train de lâcher pied, Decius se voua aux dieux mânes, lui et les ennemis, en usant du ministère du pontife Valerius. S'étant élancé dans les lignes ennemies, il laissa la victoire aux siens.

Decius Mus le Jeune (consul en 312, 308, 297, 295 av. J.-C.)

L'activité de Decius le Jeune
27,1 Publius Decius, fils de Decius, consul pour la première fois, célébrant un triomphe sur les Samnites consacra leurs dépouilles à Cérès. 2 Consul pour la deuxième et pour la troisième fois, il fit beaucoup à Rome et à l'armée.

La seconde deuotio à la bataille de Sentinum
3 Pendant son quatrième consulat, avec pour collègue Fabius Maximus, alors que les Gaulois, les Samnites, les Ombriens et les Étrusques s'étaient alliés contre les Romains, l'armée ayant été rangée en bataille et son aile lâchant pied, il se voua aux dieux mânes à l'exemple de son père, lui et les ennemis, en usant du ministère du pontife Marcus Livius, tenant ferme une lance et répétant les formules rituelles. 4 S'étant élancé dans les lignes ennemies, il laissa la victoire aux siens. 5 Son collègue prononça l'éloge funèbre devant son cadavre qui fut enseveli avec pompe.

T. Manlius Torquatus (dictateur en 353, 348, consul en 347, 344, 340 av. J.-C.)
28,1 Titus Manlius Torquatus avait été relégué à la campagne par son père en raison de son retard mental et de sa lenteur à s'exprimer ; quand il apprit que ce dernier avait été cité à comparaître par le tribun de la plèbe Pomponius, il gagna la Ville de nuit. 2 Il réclama au tribun une entrevue en privé et, en dégainant son glaive, il le contraignit sous le coup de la terreur à retirer son accusation.

3 Tribun militaire sous le dictateur Sulpicius51, il tua un Gaulois qui lançait un défi. Il se passa autour du cou le torque qu'il lui avait arraché.

4 Consul pendant la guerre latine, il fit décapiter à la hache son propre fils parce qu'il avait combattu contrairement à ses ordres. Il écrasa les Latins sur le fleuve Veseris grâce à la devotio de son collègue Decius52. 5 Il refusa le consulat parce que, disait-il, il ne pouvait supporter les vices du peuple, ni celui-ci sa propre sévérité.

Valerius Corvinus (consul en 348 av. J.-C.)
29,1 Camille53 poursuivait les restes des Sénons. Le tribun militaire Valerius s'avança seul contre un immense Gaulois qui lançait un défi pendant que tous les autres soldats étaient terrifiés. 2 Un corbeau, venu du levant, se posa sur le casque du Gaulois, et pendant le combat, il lui frappa le visage et les yeux. Une fois l'ennemi vaincu, Valerius fut surnommé "Corvinus"54.

3 Ensuite, comme une grande foule de gens écrasés par le poids des dettes avait tenté de s'emparer de Capoue et, poussée par la nécessité, s'était donné pour chef Quinctius55, il étouffa la sédition après avoir allégé les dettes.

Pontius Telesinus et la honte des Fourches Caudines (321 av. J.-C.)
30,1 Les consuls Titus Veturius et Spurius Postumius qui faisaient la guerre aux Samnites furent conduits dans une embuscade par Pontius Telesinus, le chef des ennemis.

2 En effet, celui-ci envoya de faux transfuges dire aux Romains que Lucérie en Apulie était assiégée par les Samnites : deux chemins y conduisaient, l'un plus long et plus sûr, l'autre plus court et plus dangereux. 3 La hâte fit choisir le chemin le plus court : c'est pourquoi, alors qu'il avait organisé une embuscade —ce secteur est appelé les Fourches Caudines—, Pontius demanda à son père Herennius qu'il avait fait venir ce qu'il lui convenait de faire. 4 Celui-ci dit qu'il fallait ou bien tous les tuer afin de briser leurs forces, ou bien tous les laisser partir afin qu'ils soient liés par le bienfait. Ayant désapprouvé ces deux avis, il les fit tous passer sous le joug après avoir conclu un traité qui fut par la suite désavoué par les Romains. Postumius fut livré aux Samnites qui ne le reçurent pas.

Papirius Cursor (dict. 325, consul en 326, 321, 319, 315, 313 av. J.-C.)
31,1 Alors que Lucius Papirius, surnommé "Cursor" (le Coureur) pour sa rapidité, avait jugé que, étant consul56, il s'avançait contre l'ennemi avec des présages contraires, il revint à Rome pour recommencer la prise d'auspices et dit à Fabius Rullus, à qui il avait confié le commandement de l'armée, de ne pas en venir aux mains avec l'ennemi. 2 Mais celui-ci, jugeant la situation favorable, engagea le combat57. À son retour, Papirius voulut le faire décapiter à la hache ; il se réfugia dans la Ville et les tribuns ne protégeaient pas le suppliant. 3 Ensuite, son père obtint sa grâce par des larmes, le peuple par des prières. 4 Papirius célébra un triomphe sur les Samnites.

Le même, alors qu'il avait adressé de très lourds reproches au préteur de Préneste, dit "Licteur, prépare les haches" ; et alors qu'il voyait l'homme anéanti par la peur de la mort, il ordonna de trancher une racine qui gênait les passants.

Fabius Rullus (maître de la cavalerie en 325, consul en 322, 310, 308, 297, 295 av. J.-C.)
32,1 Quintus Fabius Rullus fut le premier de sa famille à être surnommé "Maximus" (Très grand) à cause de sa valeur ; maître de la cavalerie, il faillit être décapité à la hache par Papirius en raison de sa victoire sur les Samnites58 ; il célébra un premier triomphe sur les Apuliens et les Nucériens, un deuxième sur les Samnites, un troisième sur les Gaulois, les Ombriens, les Marses et les Étrusques59.

2 Censeur, il écarta les affranchis des tribus. Il ne voulut pas être une seconde fois censeur, disant qu'il n'était pas conforme aux usages de la République que les mêmes soient censeurs trop souvent. 3 Le premier, il institua que les chevaliers romains aillent à cheval du temple de Honos60 jusqu'au Capitole aux ides de Quinctilis61.

4 Après sa mort, tant d'argent fut recueilli de la libéralité du peuple que son fils l'utilisa pour donner officiellement une distribution de viande et un banquet.

Curius Dentatus (consul en 290, 275, 274 av. J.-C.)

Hauts faits de Dentatus
33,1 Marcus Curius Dentatus célébra d'abord un triomphe sur les Samnites qu'il pacifia complètement jusqu'à la mer Supérieure62. 2 À son retour, il dit dans une assemblée : "j'ai pris tant de terre que ce serait devenu un désert si je n'avais pas pris tant d'hommes ; de plus, j'ai pris tant d'hommes qu'ils seraient morts de faim si je n'avais pas pris tant de terre". 3 Il célébra un deuxième triomphe sur les Sabins. Il entra une troisième fois dans la Ville en recevant une ovation pour la défaite des Lucaniens.

4 Il chassa d'Italie Pyrrhos l'Épirote.

Retenue de Dentatus
5 Il répartit le domaine public en donnant au peuple quatorze jugères par tête. 6 Il s'attribua à lui-même la même quantité en disant qu'il ne devait y avoir personne pour qui ce ne serait pas suffisant. 7 Il dit aux ambassadeurs des Samnites qui lui offraient de l'or tandis que lui-même faisait rôtir des raves au feu : "je préfère manger cela dans ma vaisselle de terre et commander à ceux qui ont de l'or". 8 Comme il était accusé d'avoir détourné de l'argent, il produisit devant les yeux de tous une burette en bois qu'il avait l'habitude d'utiliser pour les offrandes rituelles et jura que, du butin pris à l'ennemi, il n'avait rien détourné de plus important pour sa maison. 9 Il utilisa les dépouilles de l'ennemi pour amener dans la Ville l'aqueduc de l'Anio.

10 Tribun de la plèbe, il obligea les Pères à être garants pour les comices par lesquels étaient créés les magistrats de la plèbe. Pour ces mérites, on lui donna officiellement une maison près de Tiphata et cinq cents jugères de terres.

Appius Claudius Caecus (censeur en 312, consul en 307, 296 av. J.-C.)

Une attitude ambiguë
34,1 Pendant sa censure, Appius Claudius inscrit au Sénat des fils d'affranchis également. Il enleva aux joueurs de flûte le droit de festoyer et de chanter en public63. 2 [Deux familles étaient affectées aux rites d'Hercule, les Potitius et les Pinarius]64. Il corrompit à prix d'argent les prêtres d'Hercule de la famille des Potitius afin qu'ils enseignent à des esclaves publics les rites d'Hercule : de là vient qu'il fut rendu aveugle65 ; la lignée des Potitius périt complètement66. 3 Il s'opposa très âprement à ce que le consulat soit conféré à des plébéiens67. 4 Il fit un discours pour que Fabius68 ne soit pas envoyé seul faire la guerre. 5 Il écrasa au combat les Sabins, les Samnites, les Étrusques. 6 Il fit paver la route qui va jusqu'à Brindisii, qui est appelée pour cette raison Via Appia. 7 Il conduisit dans la Ville l'aqueduc Anio. 8 Seul de tous, il garda cinq ans la censure69.

Un grand orateur patriote
9 Alors qu'on discutait de la paix avec Pyrrhos et que la faveur des puissants était recherchée par l'ambassadeur Cineas à prix d'argent, il se fit porter en litière au Sénat, vieux et aveugle, et dénonça les clauses tout à fait honteuses dans un discours sublime.

Pyrrhos (319–272 av. J.-C.)
35,1 Comme Pyrrhos, roi des Épirotes, descendant d'Achille par sa mère, d'Hercule par son père, agitait l'idée de l'empire du monde entier et voyait que les Romains étaient puissants, il consulta Apollon à propos de la guerre. 2 Le dieu répondit de façon ambiguë :

                         Aio te, Aeacida, Romanos uincere posse70

3 Ayant pris l'oracle dans le sens qu'il voulait lui donner, il engagea la guerre contre les Romains en portant secours aux Tarentins. Il déconcerta le consul Laevinus à Héraclée71 par l'usage nouveau des éléphants. 4 Et comme il voyait les Romains tués avec des blessures reçues de face, il dit : "Moi, avec de tels soldats, j'aurais pu soumettre rapidement le monde entier". 5 Il dit à ses amis qui le félicitaient : "Que puis-je faire d'une telle victoire, si j'y perds la force de mon armée72." 6 Il établit son camp à vingt milles de la Ville ; il rendit les prisonniers sans rançon à Fabricius. 7 Ayant observé l'armée de Laevinus, il dit qu'il avait eu la même fortune contre les Romains qu'Hercule contre l'hydre73. 8 Vaincu par Curius74 et Fabricius75 il se réfugia à Tarente et passa en Sicile. 9 Bientôt revenu à Locres en Italie, il tenta d'enlever le trésor de Proserpine mais celui-ci fut rapporté par un naufrage.

10 Revenu alors en Grèce, il fut assommé par le jet d'une tuile pendant qu'il assiégeait Argos. 11 Son cadavre, rapporté au roi de Macédoine Antigone, fut enseveli avec pompe76.

Decius Mus III et les affranchis de Vulsinies
36,1 Vulsinies, une ville bien connue d'Étrurie, fut près de disparaître du fait de ses excès77. En effet, alors que les habitants avaient affranchis leurs esclaves à la légère, puis les avaient admis à la Curie, ils furent opprimés par l'entente de ceux-ci. 2 Alors qu'ils avaient souffert bien des indignités, ils demandèrent en cachette de l'aide à Rome et Decius Mus78 fut envoyé : il se rendit maître de tous les affranchis et soit il les fit exécuter en prison, soit il les rendit à leurs maîtres pour les remettre en esclavage.


III. La conquête romaine

La première guerre punique

Appius Claudius Caudex (consul en 264 av. J.-C.)
37,1 Appius Claudius, surnommé "Caudex" (la bille de bois, la bûche) après sa victoire sur les habitants de Vulsinies79, était le frère d'Ap. Claudius Caecus.

2 Consul, il fut envoyé pour délivrer les Mamertins dont les Carthaginois et le roi syracusain Hiéron80 assiégeaient la citadelle. 3 En premier lieu, il traversa le détroit sur une barque de pêcheur pour reconnaître l'ennemi et il amena le chef des Carthaginois à retirer la garnison de la citadelle. 4 Revenu à Rhegium, il s'empara avec des fantassins d'une quinquérème ennemie sur laquelle il fit passer une légion en Sicile. Il chassa les Carthaginois de Messine.

5 Au cours d'un combat près de Syracuse, il reçut la capitulation de Hiéron qui, terrifié par le danger couru, demanda l'amitié des Romains et leur fut entièrement fidèle par la suite.

Duillius (consul en 260 av. J.-C.)
38,1 Lors de la première guerre punique, Cn. Duillius fut envoyé comme général contre les Carthaginois ; comme il les voyait très puissants sur mer, il fit construire une solide flotte selon les règles de l'art et, le premier, il bâtit des corbeaux81, objets de dérision pour l'ennemi ; de la sorte, au cours du combat, il agrippa les navires des ennemis qui furent vaincus et faits prisonniers.

2 Le commandant de la flotte, Himilcon, s'enfuit à Carthage et demanda au Sénat ce qu'il fallait faire, à leur avis. 3 Tous lui criant de combattre : "je l'ai fait, dit-il, et j'ai été vaincu". Il échappa ainsi à la crucifixion ; en effet, chez les Puniques, un chef militaire était châtié pour une affaire mal menée.

4 Il fut accordé à Duillius de revenir de banquet, à titre officiel, précédé par une torche enflammée et un joueur de flûte.

Atilius Calatinus (consul en 258 av. J.-C.)
39,1 Atilius Calatinus, envoyé comme général contre les Carthaginois, délogea les garnisons ennemis de cités très grandes et très bien fortifiées, Henna, Drépane, Lilybée. 2 Il prit Panormos et après avoir parcouru toute la Sicile il vainquit une grande flotte ennemie, commandée par Hamilcar, avec un petit nombre de navires. 3 Mais, alors qu'il se hâtait vers Catane assiégée par les ennemis, il fut enfermé par les Puniques dans un défilé : le tribun militaire Calpurnius Flamma s'en échappa vers une hauteur après avoir reçu le commandement de trois cents alliés ; il délivra le consul ; il tomba lui-même en combattant avec les trois-cents. 4 Par la suite, retrouvé à moitié mort par Atilius et guéri, il fut pour l'ennemi un grand objet de terreur82. Atilius célébra un triomphe avec beaucoup d'ostentation.

Atilius Regulus (consul en 257 av. J.-C.)
40,1 Le consul Marcus Atilius Regulus célébra un triomphe sur les Salentins après les avoir mis en déroute et fut le premier général romain à faire passer une flotte en Afrique. Après qu'elle eut été secouée par une tempête, il prit à Hamilcar soixante-trois navires de guerre83. 2 Il prit deux cents places et deux cent mille hommes. En son absence, sa femme et ses enfants furent défrayés par l'État en raison de leur pauvreté.

3 Fait prisonnier peu après par l'habileté tactique de Xanthippe le Lacédémonien, un soldat mercenaire, il fut envoyé en prison84. 4 Envoyé85 comme ambassadeur à Rome pour faire un échange de prisonniers après avoir juré solennellement que s'il l'obtenait, alors seulement il ne reviendrait pas, il combattit la clause au Sénat et après s'être libéré de l'étreinte de sa femme et de ses enfants, il retourna à Carthage, où enfermé dans un coffre en bois, garni de clous à l'intérieur, il fut puni par les veilles et la douleur86.

Lutatius Catulus (consul en 242 av. J.-C.)
41,1 Au cours de la première guerre punique, Quintus Lutatius Catulus, parti avec trois cents navires contre les Puniques, coula ou prit près des îles Égates87, entre la Sicile et l'Afrique, six cents de leurs navires alourdis par des vivres et d'autres charges, qui étaient sous le commandement de Hannon, et mit fin à la guerre.

2 Il leur accorda la paix à leur demande, à la condition qu'ils évacuent la Sicile, la Sardaigne et les autres îles situées entre l'Italie et l'Afrique et qu'ils ne pénètrent pas en Espagne au delà de l'Èbre.


La deuxième guerre punique

Hannibal (247–183 av. J.-C.)
42,1 Hannibal, fils d'Hamilcar, conduit à neuf ans par son père devant les autels, jura une haine éternelle aux Romains88. 2 Ensuite, son père l'eut comme soldat et comme compagnon dans son camp.

Après la mort de ce dernier89, cherchant un motif de guerre, il détruisit en six mois Sagunte90, une cité alliée par traité aux Romains. 3 Alors, il traversa en direction de l'Italie les cols ouverts des Alpes91. 4 Il écrasa P. Scipion sur le Tessin, Sempronius Longus sur la Trébie, Flaminius au lac Trasimène92, Paullus et Varron près de Cannes93. 5 Alors qu'il pouvait s'emparer de la Ville, il se détourna vers la Campanie et s'alanguit dans ses délices. 6 Et, alors qu'il avait établi son camp à trois milles de la Ville, repoussé par des tempêtes, manœuvré d'abord par Fabius Maximus94, repoussé ensuite par Valerius Flaccus, mis en fuite par Gracchus et Marcellus, rappelé en Afrique95, vaincu par Scipion96, il se réfugia auprès du roi de Syrie Antiochos97 et en fit un ennemi pour les Romains ; après la défaite d'Antiochos, il se rendit auprès du roi de Bithynie Prusias ; là, réclamé par une ambassade romaine, il se fit périr en aspirant le poison qu'il avait sous le chaton de son anneau. Il fut déposé à Libyssa dans un coffre de pierre sur lequel est gravé aujourd'hui encore : "ci-gît Hannibal".

Fabius Cunctator (consul en 233, 228,216,215, cens. 230, dict. 217 av. J.-C.)
43,1 Quintus Fabius Maximus Cunctator, surnommé "Verrucosus", d'après une verrue située sur les lèvres, et "Ovicula" (petite brebis, agnelle), en raison de la douceur de son caractère, célébra un triomphe sur les Ligures quand il était consul.

2 Il affaiblit Hannibal par la temporisation. 3 Il souffrit que le maître de la cavalerie Minucius ait un pouvoir de commandement égal au sien, néanmoins il vint à son secours quand ce dernier fut en danger. 4 Il enferma Hannibal sur le territoire de Falerne. 5 Il retint Marius Statilius qui voulait passer à l'ennemi en lui donnant un cheval et des armes et il fit cadeau d'une femme qu'il avait achetée à un Lucanien très courageux, peu assidu en raison de son amour pour la femme98. 6 Il reprit Tarente aux ennemis, il fit la dédicace au Capitole de la statue d'Hercule qui avait été transférée de là-bas. 7 Il traita du rachat des prisonniers avec les ennemis : comme ce pacte était désapprouvé par le Sénat, il vendit sa propriété pour deux cent mille (sesterces) et satisfit à la foi jurée99.

Scipion Nasica (consul en 191 av. J.-C.)
44,1 Publius Scipio Nasica, jugé par le Sénat le meilleur des hommes, reçut en hôte la Mère des dieux100. 2 Comme il avait découvert qu'il avait été proclamé consul par Gracchus contre les auspices, il renonça à sa magistrature. 3 Censeur, il fit enlever les statues que chacun s'était élevé à lui-même par ambition au forum. 4 Consul, il enleva Delminium, la ville des Dalmates. 5 Il refusa le titre de général victorieux offert par les soldats et le triomphe décrété par le Sénat. Il était le premier en éloquence, le meilleur conseiller en science du droit, le plus sage de tempérament, de là vient qu'il fut communément surnommé " Corculum" (le Sage)101.

M. Claudius Marcellus (consul en 222, 215, 214, 210, 208 av. J.-C.)
45,1 Marcus Marcellus écrasa en combat singulier Viridomar, le chef des Gaulois. 2 Il fut le troisième en partant de Romulus à consacrer les dépouilles opimes à Jupiter Férétrien102. 3 Il fut le premier à enseigner aux soldats comment se replier sans tourner le dos. 4 Il enseigna la défaite à Hannibal, aidé par l'étroitesse des lieux à Nole103. 5 Il assiégea Syracuse pendant trois ans104. 6 Et, alors que le triomphe lui avait été refusé par le Sénat à la suite de calomnies, il célébra un triomphe aux monts Albains de sa propre autorité. 7 Consul pour la cinquième fois, il tomba dans une embuscade d'Hannibal et fut enseveli avec magnificence105. 8 Ses restes renvoyés à Rome disparurent interceptés par des pirates.

Claudia et la Mère des dieux (204 av. J.-C. pour l'anecdote)
46,1 Pendant qu'Hannibal ravageait l'Italie, on fit venir de Pessinonte la Mère des dieux à la suite d'une consultation des livres Sibyllins ; comme on lui faisait remonter le Tibre, elle s'arrêta soudain sur un haut-fond. Et, alors qu'aucune force ne pouvait la faire bouger, on apprit par les livres qu'elle ne pourrait être bougée que par la main de la plus chaste des femmes. 2 Alors, la vierge vestale Claudia106, faussement soupçonnée d'inceste pria la déesse de la suivre, si elle la reconnaissait chaste, et ayant attaché sa ceinture au navire, elle le fit bouger107. 3 La statue de la Mère des dieux fut confiée à Nasica108, jugé le meilleur des hommes, comme à un hôte, tandis qu'on construisait le temple.

Caton l'Ancien (234–149 av. J.-C.)
47,1 Marcus Porcius Caton, originaire de Tusculum, appelé à Rome par Valerius Flaccus, fut tribun militaire en Sicile109, questeur très courageux sous Scipion110, préteur avec un très grand sens de la justice : pendant sa préture, il soumit la Sardaigne où il fut instruit en grec par Ennius111. 2 Consul112, il assujettit les Celtibères, et afin qu'ils ne puissent se révolter, il envoya à chaque cité une lettre ordonnant de détruire les remparts. 3 Comme chacune d'entre elles pensait que cela n'était ordonné qu'à elle seule, elles le firent. Pendant la guerre de Syrie, tribun militaire sous le commandement de M. Acilius Glabrio, il occupa les défilés des Thermopyles et chassa la garnison ennemie113.

4 Censeur114, il raya du Sénat le consulaire L. Flaminius115 parce que ce grand personnage avait, en Gaule, ordonné d'égorger au cours d'un banquet un prisonnier tiré du cachot pour fournir du spectacle à un mignon116. 5 Le premier, il édifia une basilique à son nom. 6 Il s'opposa à ceux qui réclamaient pour les matrones les parures enlevées par la loi Oppia117.

7 À quatre-vingts ans, accusateur obstiné des méfaits, il mit en accusation Galba118 ; il fut lui-même mis en accusation quarante-quatre fois et acquitté avec gloire. 8 Il fut d'avis qu'il fallait détruire Carthage. 9 Il engendra un fils à plus de quatre-vingts ans119. On a l'habitude de faire avancer son image pour les cortèges funéraires120.

C. Claudius Nero (consul en 207, censeur en 204 av. J.-C.)
48,1 Hasdrubal121, frère d'Hannibal, passa en Italie avec d'immenses troupes et c'en eût été fait de l'empire romain s'il avait pu faire sa jonction avec Hannibal. 2 Mais Claudius Nero, qui avait établi son camp en Apulie à côté de celui d'Hannibal, laissa au camp une partie des soldats, se hâta vers Hasdrubal avec des troupes d'élite, rejoignit son collègue Livius122 près de la ville de Sena et du fleuve Métaure et à eux deux, ils vainquirent Hasdrubal. 3 S'en étant retourné avec la même rapidité avec laquelle il était venu, Nero jeta la tête d'Hasdrubal devant le retranchement d'Hannibal. 4 Après l'avoir contemplée, Hannibal reconnut qu'il était vaincu par la mauvaise fortune123 de Carthage. 5 Pour cette victoire, Livius entra en triomphe dans la Ville, et Nero avec les honneurs de l'ovation.

Scipion l'Africain (235–183, consul en 205, 194 av. J.-C.)

Une relation privilégiée avec Jupiter
49,1 On croyait que Publius Scipion, surnommé l'Africain pour sa valeur militaire, était fils de Jupiter : en effet, avant sa conception, un serpent se montra dans le lit de sa mère, et un reptile qui s'était enroulé autour de lui quand il était tout petit ne lui fit aucun mal. 2 Quand il allait au milieu de la nuit au Capitole, jamais les chiens n'aboyèrent. 3 Il n'entreprit rien avant de s'être tenu très longtemps dans la chapelle de Jupiter, comme s'il recueillait une inspiration divine.

Le combat victorieux contre Carthage
4 À dix-huit ans, il sauva son père au Tessin avec un courage unique. 5 Lors du désastre de Cannes, il retint de sa propre autorité les plus nobles jeunes gens qui voulaient déserter l'Italie. 6 Il conduisit au camp de Canusium les survivants sains et saufs en passant au travers des ennemis124. 7 À vingt-quatre ans, envoyé en Espagne comme préteur, il prit Carthagène le jour de son arrivée. 8 Il défendit qu'on lui amène une vierge, si belle qu'on accourait de partout pour l'admirer, et en répondit à la place du père de celle-ci. 9 Il chassa d'Espagne Hasdrubal et Magon, les frères d'Hannibal. 10 Il se lia par un pacte d'amitié avec Syphax, le roi des Maures. Il reçut Massinissa dans son alliance. 11 Revenu chez lui vainqueur, il fut fait consul avant l'âge légal et fit passer une flotte en Afrique avec l'accord de son collègue. 12 En une seule nuit, il détruisit le camp d'Hasdrubal et de Syphax. 14 Il écrasa Hannibal125, rappelé d'Italie. 15 Il imposa sa loi aux Carthaginois vaincus.

La guerre de Syrie
16 Il fut légat de son frère126 au cours de la guerre d'Antiochos127 ; son fils prisonnier lui fut rendu sans rançon.

La défaveur populaire
17 Mis en accusation pour concussion par le tribun de la plèbe Petillius Acreus, il lacéra devant le peuple son livre de comptes : "à cette date, dit-il, j'ai vaincu Carthage ; c'est pourquoi, une bonne chose de faite, allons au Capitole et rendons grâce aux dieux!" . 18 Ensuite il partit en exil volontairement : il y passa le reste de sa vie128. 19 Mourant, il demanda à son épouse de ne pas ramener son cadavre à Rome129.

Livius Salinator (consul en 219, 207, dict. en 206, censeur en 204 av. J.-C.)
50,1 Livius Salinator, consul pour la première fois, célébra un triomphe sur les Illyriens, puis, accusé de péculat par envie haineuse, il fut condamnée par toutes les tribus, sauf la Maecia130. 2 Consul pour la seconde fois avec son ennemi Claudius Nero il fit alliance avec lui afin que la République ne soit pas mal gouvernée du fait de la discorde, et il célébra un triomphe sur Hasdrubal131. 3 Censeur avec le même collègue, il rangea toutes les tribus parmi les aerarii132, excepté la Maecia, et les priva de solde militaire, sur le chef d'accusation soit de l'avoir injustement condamné auparavant, soit de ne pas lui avoir attribué à bon droit par la suite de si grands honneurs133.


Les guerres en Grèce et en Asie mineure

Flamininus (consul en 198 av. J.-C.)
51,1 Quintus Flaminius134, fils du Flaminius qui périt à Trasimène135, consul chargé de la Macédoine, entra dans sa province guidé par les bergers du roi Charopas : il écrasa au combat le roi Philippe136 ; il le força à abandonner son camp. 2 Il reçut en otage son fils Dèmètrios et il remit le roi sur son trône après l'avoir condamné à une amende pécuniaire137. 3 Il reçut aussi en otage le fils du Lacédémonien Nabis138. 4 Il fit proclamer par un héraut les jeux de Junon de Samos139. 5 Il fut aussi envoyé comme ambassadeur à Prusias pour réclamer Hannibal140.

Fulvius Nobilior (consul en189, censeur en 179 av. J.-C.)
52,1 Quintus Fulvius Nobilior, étant consul, écrasa les Vettones et les Orétanes ; en conséquence, il entra dans la Ville avec les honneurs de l'ovation. 2 Consul, il vainquit dans des combats répétés, et repoussa dans la ville d'Ambracie les Étoliens qui avaient été du côté des Romains pendant la guerre de Macédoine et ensuite étaient passés à Antiochos ; il reçut leur capitulation, cependant il emporta comme butin les statues et les tableaux ; il célébra un triomphe sur eux. 3 Son ami Ennius célébra avec une louange démesurée sa victoire magnifique par elle-même141.

Scipion l'Asiatique (consul en 190 av. J.-C.)
53,1 Scipion l'Asiatique, frère de l'Africain142, de faible constitution, fut cependant loué en Afrique par son frère au titre de sa valeur militaire ; consul, avec son frère pour légat, il vainquit Antiochos143, le roi de Syrie, près du mont Sipyle, alors que les arcs des ennemis avaient été ramollis par la pluie ; il le priva d'une partie de son royaume ; en conséquence, il fut surnommé "l'Asiatique".

2 Par la suite, il fut accusé de malversations : pour qu'il ne soit pas conduit en prison, le tribun de la plèbe Gracchus, son ennemi, intercéda. M. Caton144, censeur, lui enleva son cheval public en marque d'infamie.

Antiochos III le Grand (né v. 243, 223–187 av. J.-C.)
54,1 Le roi de Syrie Antiochos engagea la guerre contre les Romains avec une trop grande confiance en ses ressources, sous prétexte de reprendre Lysimachia145, une ville fondée en Thrace par ses ancêtres, que les Romains occupaient, et aussitôt, il s'empara de la Grèce et de ses îles. Il s'endormit dans la luxure en Eubée. 2 Réveillé par l'approche de M. Acilius Glabrio, il occupa les Thermopyles d'où il fut chassé par l'activité de Marcus Caton et il s'enfuit en Asie. 3 Dominé par L. Aemilius Regilllus dans une bataille navale où il avait donné le commandement à Hannibal, il renvoya à son père le fils de Scipion l'Africain, qu'il avait fait prisonnier pendant qu'il naviguait : Scipion lui conseilla, comme pour lui rendre la faveur, de demander l'amitié des Romains. 4 Ayant dédaigné le conseil, Antiochos engagea le combat avec L. Scipion près du mont Sipyle146. Vaincu et repoussé au delà de la chaîne du Taurus, il fut tué par ses compagnons qu'il avait malmenés dans un banquet, étant ivre147.

Manlius Vulso (consul en 189 av. J.-C.)
55,1 Caius Manlius Vulso, envoyé pour organiser la province de Scipion l'Asiatique, entra en guerre contre les Pisidiens et les Galates, qui avaient été aux côtés d'Antiochos, par désir d'obtenir un triomphe148.

2 Ceux-ci ayant été facilement vaincus, l'épouse du roi Orgiagontès , qui se trouvait parmi les captives, fut donné à garder à un centurion ; violée par ce dernier, elle garda le silence sur l'injure et ensuite, ayant obtenu son rachat, elle livra le suborneur à son mari pour qu'il soit tué149.

Paul-Émile (consul en 182, 168 av. J.-C.)
56,1 Lucius Aemilius Paullus, fils de celui qui tomba à Cannes150, célébra un triomphe sur les Ligures pendant son premier consulat, qu'il avait obtenu après trois échecs. 2 Il exposa en public la liste de ses exploits peinte sur un panneau. 3 Consul pour la deuxième fois, il fit prisonnier Persée151, fils de Philippe, auprès des dieux de Samothrace ; il pleura sur le vaincu et le fit asseoir à côté de lui, mais cependant il le mena dans son triomphe152.

4 Au milieu de cette liesse, il perdit deux fils et, s'étant avancé vers le peuple, il rendit grâce à la Fortune de ce que si quelque traverse menaçait la République, cela avait été tranché par le malheur qui l'avait frappé personnellement.

5 Pour toutes ces raisons, il lui fut accordé par le Sénat et le peuple de porter l'habit triomphal aux jeux du Cirque. 6 En raison de sa retenue et de sa pauvreté, la dot de son épouse ne put être acquittée qu'en vendant ses biens.


L'impérialisme romain

Sempronius Gracchus, le père des Gracques (consul en 177, 163 av. J.-C.)
57,1 Tiberius Sempronius Gracchus, issu d'une très noble famille, ne souffrit pas que Scipion l'Asiatique, bien que son ennemi, fut emmené en prison153.

2 Préteur, il soumit la Gaule, consul, l'Espagne, au cours de son second consulat, la Sardaigne154, et il amena tant de captifs que, du fait de la longueur de la vente, la chose vint en proverbe : " Sardes à vendre"155.

3 Censeur156, il répartit dans les quatre tribus urbaines les affranchis qui avaient investi les tribus rustiques ; pour cette raison, son collègue Claudius fut accusé par le peuple (en effet son autorité le protégeait lui-même), et alors que deux classes l'avaient condamné, Tiberius jura qu'il irait en exil avec lui : de cette façon, l'accusé fut acquitté157.

4 Alors que, dans la maison de Tiberius, deux couleuvres avaient rampé hors de la couche nuptiale, sur une interprétation du prodige disant que périrait celui des maîtres qui serait du sexe de la couleuvre tuée, il donna l'ordre de supprimer le mâle, par amour pour son épouse Cornelia.

Scipion Émilien (185–129, consul en 147, 134 av. J.-C.)

Premiers exploits
58,1 Publius Scipio Aemilianus (Scipion Émilien), fils de Paullus (Paul-Émile), le vainqueur de la Macédoine, et adopté par Scipion l'Africain158, étant en Macédoine avec son père, poursuivit Persée vaincu avec un tel acharnement qu'il revint au camp au milieu de la nuit. 2 Légat de Lucullus en Espagne, il vainquit en combat singulier un lanceur de défi près de la ville d'Intercatia. 3 Il escalada le premier les remparts de la cité ennemie. 4 Tribun en Afrique sous les ordres du général victorieux T. Manilius, il sauva par son esprit de décision et sa valeur militaire huit cohortes, encerclées par des contre-retranchements, qui lui donnèrent une couronne de siège en or.

Prise de Carthage et de Numance
5 Alors qu'il briguait l'édilité, il fut créé consul avant l'âge légal et détruisit Carthage en six mois159. 6 Il vainquit Numance160 par la faim après avoir d'abord rétabli la discipline militaire ; de là vient qu'il fut surnommé Numantinus (le Numantin). 7 Il était très lié avec Caius Laelius ; ayant reçu mission d'aller trouver des rois, il emmena avec lui, outre ce dernier, deux esclaves.

Un comportement aristocratique
8 Orgueilleux de ses exploits, il répondit que Gracchus161 semblait avoir été massacré justement ; comme le peuple le couvrait d'insultes : "qu'ils se taisent, dit-il , ceux pour qui l'Italie n'est pas une mère, mais une marâtre" ! et il ajouta : "ceux que moi, j'ai vendu aux enchères162".

9 Censeur, il dit au Sénat à propos de son collègue Mummius, qui était bien paresseux : "Plût au ciel que vous m'eussiez donné un collègue ou bien que vous ne m'en eussiez pas donné !".

Une mort suspecte
10 Après qu'il se fut attaqué aux triumvirs agraires163, il fut trouvé soudain chez lui sans vie, et emporté la tête recouverte pour que la teinte bleutée de son visage ne soit pas visible164. 11 Son patrimoine était si mince qu'il ne laissa que trente-deux livres d'argent et deux livres et demi d'or.

Mancinus (consul en 137 av. J.-C.)
59,1 Aulus Hostilius Mancinus, préteur envoyé contre les Numantins, partit malgré les signes contraires donnés par les oiseaux et une voix (je ne sais laquelle) qui le rappelait ; alors qu'il était arrivé à Numance, il décida de commencer par reprendre en main l'armée de Pompeius165 qu'il avait reçue et il gagna un lieu inhabité.

2 Ce jour-là se trouvait être un jour de fête annuel pour les Numantins : ils donnaient leurs filles en mariage ; et deux jeunes gens étant en compétition pour une fille ravissante, le père spécifia qu'elle épouserait celui qui rapporterait la main droite d'un ennemi. 3 Une fois partis, les jeunes gens se rendent compte du repli des Romains qui se hâtaient comme des fuyards ; ils rapportent la chose aux leurs : aussitôt ceux-ci, avec quatre mille de leurs soldats, taillèrent en pièces vingt mille Romains.

4 Mancinus conclut un traité avec les ennemis sur la base de leurs conditions, avec son questeur Ti. Gracchus166 comme garant ; le traité n'ayant pas été approuvé par le Sénat, Mancinus fut livré aux Numantins et il ne fut pas reçu ; il fut ramené au camp ; par la suite, il atteint la préture.

Mummius Achaicus (consul en 146 av. J.-C.)
60,1 Lucius Mummius, surnommé "Achaïcus" à la suite de la défaite de l'Achaïe, le consul envoyé contre les Corinthiens, s'empara au passage d'une victoire acquise par le labeur d'un autre. 2 En effet, alors que Metellus Macedonicus167, près d'Héraclée, avait mis les ennemis en déroute et les avaient privés de leur chef Critolaos, Mummius se hâta vers le camp de Metellus avec ses licteurs et quelques cavaliers et vainquit près de Leucopetra les Corinthiens commandés par Diaeos qui se réfugia dans sa maison, y mit le feu, tua son épouse et la précipita dans les flammes ; lui-même se tua en s'empoisonnant.

3 Mummius dépouilla Corinthe de ses statues et de ses tableaux : il en remplit l'Italie toute entière et n'apporta rien dans sa maison.

Metellus Macedonicus (consul en 143 av. J.-C.)
61,1 Quintus Caecilius Metellus, surnommé "Macedonicus" pour avoir soumis la Macédoine, préteur, vainquit le Pseudophilippe, le même qui a été appelé Andriskos168. 2 Il écrasa deux fois au combat les Achéens et les remit à Mummius169 en attente du triomphe.

3 Haï de la plèbe pour sa trop grande sévérité et devenu pour cette raison difficilement consul après deux échecs, il soumit les Arbaces en Espagne. 4 Près de la place de Contrebia, il ordonna aux cohortes chassées de la position de revenir et de reprendre la position.

5 Alors qu'il agissait en tout après avoir pris des décisions personnelles et immédiates, il dit à un ami qui lui demandait ce qu'il allait faire : "je brûlerais ma propre tunique, si je pensais qu'elle connaissait ma décision".

6 Père de quatre fils, il fut porté au tombeau sur leurs épaules à son dernier jour ; il vit trois de ses fils anciens consuls et même l'un d'eux célébrant son triomphe.


IV. Les crises de la fin de la République

Les luttes entre optimates et populares

Metellus Numidicus (consul en 109 av. J.-C.)
62,1 Quintus Caecilius Numidicus, qui célébra un triomphe sur le roi Jugurtha, refusa, étant censeur, d'inscrire sur les registres du cens Quintius qui se prétendait faussement le fils de Tiberius Gracchus170.

2 Ce même Caecilius ne voulut pas jurer d'observer la loi Apuleia171, proposée dans un contexte de violence : envoyé en exil de ce fait, il vécut en exil à Smyrne. 3 Ensuite, alors que, rappelé par la proposition de loi de Calidius172, il avait reçu par hasard la lettre au théâtre pendant les Jeux, il ne daigna pas la lire avant la fin du spectacle. 4 Il ne voulut pas prononcer l'éloge du mari de sa sœur Metella parce qu'un jour, celui-ci avait refusé de rendre un jugement, contrairement aux lois.

Metellus Pius (consul en 80 av. J.-C.)
63,1 Quintus Metellus Pius, fils de Numidicus, surnommé "Pius" parce qu'il avait fait rappeler son père par des larmes et des prières constantes, étant préteur pendant la guerre sociale, tua Q. Popaedius, le chef des Marses. 2 Consul, il écrasa en Espagne les frères Herculeius ; il chassa d'Espagne Sertorius. 3 Jeune homme, il fut préféré à des personnages consulaires quand il brigua la préture et le pontificat.

Tiberius Gracchus (163–133 av. J.-C.)

Un aristocrate éloquent
64,1 Tiberius Gracchus, petit-fils de Scipion l'Africain par sa fille, étant questeur sous Mancinus173 en Espagne, approuva le traité déshonorant de ce dernier. 2 Il échappa au danger d'être livré grâce à son éloquence.

Une politique popularis
3 Tribun de la plèbe, il proposa une loi stipulant que nul ne détiendrait plus de mille jugères du domaine public. 4 Usant d'un nouveau procédé, il destitua de sa magistrature son collègue Octavius qui y mettait opposition. 5 Il proposa ensuite qu'on utilise l'argent qui venait de l'héritage d'Attale174 et qu'on le répartisse entre les citoyens.

L'assassinat
6 Ensuite, alors qu'il voulait proroger sa puissance tribunitienne malgré des auspices défavorables, il s'avança dans la foule et gagna aussitôt le Capitole en portant sa main à sa tête : il confiait par là sa sauvegarde au peuple. 7 La noblesse comprit ce geste comme une aspiration au diadème royal. Le consul Mucius175 tardant avec nonchalance à agir, Scipion Nasica176 ordonna que ceux qui voulaient que la république soit sauve le suivent ; ayant poursuivi Gracchus sur le Capitole, il l'écrasa. 8 Son cadavre fut jeté au Tibre de la main de l'édile Lucretius, qui fut, de ce fait, surnommé "Vispillo" (le Croque-mort). 9 Afin de soustraire Nasica à la haine, on l'éloigna en Asie, sous prétexte d'une ambassade177.

Caius Gracchus (154–121 av. J.-C.)

Des débuts difficiles
65,1 Caius Gracchus, questeur de Sardaigne désigné par le sort, quitta de sa propre initiative sa province insalubre, son successeur n'arrivant pas. 2 Il supporta la haine causée par la défection d'Asculum et de Frégelles178.

Une politique popularis
3 Tribun de la plèbe179, il proposa des lois agraires et frumentaires et il décida aussi d'envoyer des colons à Capoue et à Tarente. 4 Il établit comme triumvirs pour répartir les terres, lui-même, Fulvius Flaccus et C. Crassus180.

La répression sénatoriale
5 Minucius Rufus, tribun de la plèbe, mettant son veto à ses lois, il vint au Capitole ; alors qu'Antyllius, le héraut du consul Opimius, y avait été tué dans la bousculade, il descendit au forum et sans prendre de précautions, il fit renvoyer l'assemblée par un tribun de la plèbe ; alors que, mandé au Sénat pour cette affaire, il n'y était pas venu, sa maisonnée en armes occupa l'Aventin ; vaincu à cet endroit par Opimius181, il se tordit la cheville en sautant en bas depuis le temple de la Lune, et tandis que son ami Pomponius près de la porte Trigemina et P. Laetorius sur le pont Sublicius résistaient à leurs poursuivants, il parvint au bois sacré de Furina182. 6 Il y périt, soit de sa propre main, soit de celle de son esclave Euphore ; on dit que la tête de Gracchus, apportée à Opimius par son ami Septimuleius, fut payée son poids d'or : on l'avait alourdie par cupidité en y coulant du plomb.

Livius Drusus († 91 av. J.-C.)

Un plébéien très noble, très riche et très orgueilleux
66,1 Marcus Livius Drusus, grand par l'origine familiale et l'éloquence mais arriviste et orgueilleux, donna comme édile183 un combat de gladiateurs des plus fastueux. 2 À cette occasion, il dit à son collègue Remmius qui lui faisait des suggestions relatives à l'intérêt de la République : "Que t'importe notre République ?" 3 Questeur en Asie184, il ne voulut user d'aucun emblème afin que rien ne soit plus emblématique que lui185.

La démesure du tribun
4 Tribun de la plèbe186, il remit la citoyenneté aux Latins, les terres à la plèbe, la Curie aux chevaliers, les décisions de justice au Sénat. 5 Il fut d'une trop grande largesse : il avoua lui-même, en effet, qu'il n'avait laissé à personne pour le donner que le ciel et la boue ; de ce fait, quand il manqua d'argent, il fit bien des choses contraires à la dignité.

6 Il livra à Bocchus pour de l'argent Magudulsa, un prince de Maurétanie, en fuite à cause de la haine du roi qui le fit jeter devant un éléphant. 7 Il retint frauduleusement en otage dans sa maison Adherbal, le fils du roi des Numides, espérant un rachat discret par son père.

8 Il dit qu'il ferait jeter du haut de la roche Tarpéienne son ennemi Cépion187 qui s'opposait à ses propositions. 9 Le consul Philippus s'opposait à ses lois agraires : il lui serra le cou dans le comitium au point que le sang lui sortit des narines en abondance ; et, ce grand personnage lui reprochant cet excès, il disait que c'était du jus de grives188".

L'opposition à Livius Drusus et son assassinat
10 Ensuite, il passa de la plus grande faveur à la haine. En effet, la plèbe qui avait reçu les terres se réjouissait, les expulsés se désolaient, les chevaliers inscrits au Sénat étaient heureux mais ceux qui avaient été laissés de côté se plaignaient ; le Sénat exultait de s'être vu remettre les décisions de justice mais il supportait difficilement l'association avec les chevaliers189.

11 Donc Livius, inquiet au point de reporter les demandes des Latins qui réclamaient le droit de cité qu'il leur avait promis, s'effondra soudain en public, frappé du mal comitial ou bien après avoir bu du sang de chèvre ; il fut ramené chez lui à moitié mort. 12 On fit officiellement des vœux pour lui à travers l'Italie. Et, alors que les Latins s'apprêtaient à assassiner le consul sur le mont Albain, Livius avertit Philippus de prendre garde ; de ce fait, il fut mis en accusation au Sénat ; alors qu'il s'était fait ramener chez lui, il s'écroula frappé par un homme introduit au milieu la foule190. 13 La haine causée par le meurtre retomba sur Philippus et sur Cépion.

Marius (157–86 av. J.-C.)

Le général victorieux
67,1 Caius Marius, sept fois consul191, d'Arpinum, originaire d'une famille obscure, s'acquitta des premières magistratures selon l'ordre fixé192 ; légat de Metellus193 en Numidie, c'est en mettant ce dernier en accusation qu'il obtint le consulat ; il mena devant son char triomphal Jugurtha fait prisonnier194. 2 Créé en outre consul pour l'année suivante, il vainquit les Cimbres en Gaule à Aix195, les Teutons en Italie au Campus Raudius196 et célébra sur eux un triomphe197.

Le chef du parti popularis
3 Élu au consulat jusqu'à six fois de suite ; il fit tuer en vertu d'un sénatus-consulte le tribun de la plèbe Apuleius et le préteur Glaucia198 qui fomentaient des séditions. 4 Et, alors que par la proposition de loi de Sulpicius il avait arraché sa province à Sylla199, vaincu les armes à la main par ce dernier, il se cacha dans un marais à Minturnes. 5 Découvert et jeté en prison, il terrifia par l'autorité de son visage un assassin gaulois qui y avait pénétré, et ayant pris une barque, il passa en Afrique ou il vécut un temps en exil. 6 Bientôt rappelé lors de la domination de Cinna200, il créa une armée en ouvrant les ergastules et ayant tiré vengeance des torts subis par le massacre de ses ennemis, il mourut pendant son septième consulat, d'une mort volontaire selon certains201.

Marius le Jeune (consul en 82 av. J.-C.)
68,1 Caius Marius le fils s'empara à vingt-sept ans du consulat et sa mère pleura sur cet honneur si prématuré. 2 Semblable à son père par la cruauté, il assiégea en armes la Curie, fit un carnage de ses ennemis dont il fit jeter les cadavres au Tibre. 3 Au milieu de l'attirail de la guerre qu'il préparait contre Sylla, épuisé par les veilles et la peine il se reposa en plein air et, vaincu en son absence, il participa à la fuite et non au combat202. 4 Il s'enfuit à Préneste où il fut assiégé par Lucretius Ofella203 ; après avoir tenté de fuir par un égout, comprenant que tout était verrouillé, il se fit couper la gorge par Pontius Telesinus.

Cinna (consul en 87, 86, 85, 84 av. J.-C.)
69,1 Lucius Cornelius Cinna, un homme totalement abject, dévasta la République avec la plus grande cruauté. 2 Lors de son premier consulat, il proposa une loi sur le rappel des exilés204 ; empêché par son collègue Octavius et privé de sa magistrature205, il s'enfuit de la Ville et, ayant appelé les esclaves à la liberté, il vainquit ses adversaires, tua Octavius, s'empara du Janicule. 3 Il se créa lui-même consul une deuxième et une troisième fois. 4 Alors que pendant son quatrième consulat il préparait la guerre contre Sylla, il fut tué à coups de pierres par son armée à Ancône, en raison de sa trop grande cruauté206.

Fimbria († 85 av. J.-C.)
70,1 Flavius Fimbria, un homme très cruel en tant que séide de Cinna, parti en Asie comme légat du consul Valerius Flaccus207 et renvoyé à la suite d'une altercation, veilla à faire tuer le général après avoir corrompu l'armée. 2 Après s'être emparé des insignes du commandement militaire, il entra lui-même dans la province et chassa de Pergame Mithridate208. 3 Il ordonna d'incendier Ilion dont les portes s'étaient ouvertes trop lentement ; le temple de Minerve y resta intact : personne ne douta qu'il avait été sauvegardé par la majesté divine. 4 Au même endroit, Fimbria fit décapiter à la hache les chefs de l'armée209 ; peu après, assiégé dans Pergame par Sylla et abandonné par son armée corrompue, il se donna lui-même la mort210.

Viriathe († 139 av. J.-C.)
71,1 Viriathe, un Lusitanien d'origine, se fit d'abord mercenaire par pauvreté, puis chasseur avec ardeur, brigand avec audace, enfin général, il entreprit une guerre contre les Romains et écrasa leur général en chef Claudius Unimanus, puis C. Nigidius. 2 Il préféra demander la paix à Popilius211 avec ses forces intactes, plutôt qu'après avoir été vaincu, et alors qu'il s'était enfui par un autre endroit et que les combats étaient arrêtés, il recommença la guerre. 3 Comme Cépion ne pouvait le vaincre autrement, il corrompit avec de l'argent deux gardes qui tuèrent Viriathe ivre-mort ; 4 et cette victoire, parce qu'elle avait été achetée, ne fut pas reconnue par le Sénat.

M. Aemilius Scaurus (consul en 115, censeur en 109 av. J.-C.)
72,1 Le noble Marcus Aemilius Scaurus était pauvre : en effet, son père, bien que patricien fit le commerce du charbon en raison de sa pauvreté. 2 Lui-même hésita d'abord à rechercher les honneurs ou à faire le métier de banquier ; mais versé dans l'éloquence, il en retira la gloire.

3 Il mérita d'abord une aigrette d'honneur en Espagne ; il servit en Sardaigne212 sous les ordres d'Oreste. 4 Édile, il s'appliqua davantage à rendre la justice qu'à donner un combat de gladiateurs213. Préteur, il fut envoyé contre Jugurtha, mais vaincu par son argent214. 5 Consul, il proposa une loi somptuaire et une loi sur les votes des affranchis215. 6 Passant lui-même devant le préteur P. Decius qui était assis, il lui ordonna de se lever, déchira son vêtement et brisa son siège ; il publia un édit interdisant que quelqu'un s'adresse à ce dernier pour un procès216. 7 Consul, il vainquit les Ligures Taurisques et célébra sur eux un triomphe. 8 Censeur, il pava la voie Aemilia, construisit le pont Mulvius.

9 Il eut tant d'influence du fait de son autorité qu'il arma par une décision officieuse Opimius contre Gracchus217, Marius contre Glaucia et Saturninus218. 10 C'est le même qui interdit à son fils de venir en sa présence parce qu'il avait abandonné son poste de garde ; du fait de cette honte, ce dernier se donna la mort. 11 Alors que Scaurus, âgé, était attaqué par le tribun de la plèbe Varius, sous prétexte qu'il aurait poussé les Alliés et le Latium à prendre les armes219, il dit devant le peuple : " Varius du Sucro220 dit qu'Aemilius Scaurus a poussé les Alliés à prendre les armes, Scaurus le nie : lequel des deux pensez-vous qu'il faut croire ?"

Apuleius Saturninus (tribun de la plèbe en 103,100, † 100 av. J.-C.)

Le premier tribunat
73,1 Pour se faire bien voir des soldats de Marius221, Lucius Apuleius Saturninus, tribun de la plèbe séditieux, proposa une loi stipulant que cent jugères de terres du domaine public par personne seraient alloués aux vétérans en Afrique ; il se débarrassa de son collègue Baebius qui mettait son veto en le faisant lapider par le peuple222. 2 Il brisa le siège du préteur Glaucia pour apparaître davantage comme le défenseur du peuple, parce que ce magistrat avait fait venir une partie du peuple en rendant la justice le jour où lui-même tenait une assemblée. 3 Il suborna un affranchi pour qu'il se prétende le fils de Tiberius Gracchus223. 4 Convoquée pour témoigner, Sempronia, la sœur des Gracques ne put être amenée, ni par les prières, ni par les menaces à admettre la honte de la famille.

Le second tribunat
5 Saturninus, redevenu tribun de la plèbe après avoir tué son concurrent Aulus Nunnius224, choisit la Sicile, l'Achaïe, la Macédoine pour y fonder de nouvelles colonies ; et il fit servir à acheter des terres l'or acquis par la fourberie et le crime de Caepio225. 6 Il prononça l'interdiction de l'eau et du feu contre celui qui ne jurerait pas de respecter ses lois. 7 Beaucoup de nobles s'opposaient à cette loi : alors qu'il y avait eu un coup de tonnerre, ils poussèrent des cris : "maintenant, dit-il, si vous ne vous calmez pas, il va grêler". 8 Metellus Numidicus226 préféra s'exiler plutôt que jurer. 9 Pour assurer la préture à son séide Glaucia, Saturninus, réélu tribun de la plèbe pour la troisième fois, fit assassiner au Champ de Mars son concurrent Mummius227.

Marius élimine Saturninus et Glaucia
10 Marius, armé par un sénatus-consulte par lequel il était conseillé que les consuls se mettent à l'œuvre afin que la République ne subisse aucun dommage228, pourchassa vers le Capitole Saturninus et Glaucia, les assiégea et reçut leur reddition après avoir coupé les canalisations d'eau par une très grosse chaleur. 11 La parole donnée aux hommes qui s'étaient rendus ne fut pas respectée : Glaucia eut la nuque brisée, Apuleius fut tué d'en haut par des pierres et des briques alors qu'il s'était réfugié dans la Curie229. 12 Le sénateur Rabirius fit passer à la ronde sa tête par dérision au cours d'un banquet.

Lucullus (consul en 74 av. J.-C.)
74,1 Lucius Licinius Lucullus, noble, éloquent et riche, donna pendant sa questure un combat de gladiateurs très imposant. 2 Peu après, par l'intermédiaire de Muréna230, en Asie, il gagna au consul Sylla la flotte de Mithridate et le roi d'Alexandrie Ptolémée231. 3 Préteur, il gouverna l'Afrique avec un très grand sens de la justice.

4 Envoyé contre Mithridate232, il délivra son collègue Cotta, assiégé à Chalcédoine. Il libéra Cysique de l'encerclement. 5 Il mina les troupes de Mithridate par les armes et par la famine et chassa celui-ci dans son royaume, à savoir le Pont. 6 Il le vainquit de nouveau avec beaucoup de bonheur en même temps que Tigrane, le roi d'Arménie, qui venait à son secours.

7 Assez excessif dans ses manières, il brûlait surtout de passion pour les statues et les tableaux. 8 Ensuite, comme il commençait à faire preuve d'un esprit dérangé, on confia sa tutelle à son frère M. Lucullus233.

Sylla (138–78, consul en 88, 80, dictateur en 82-81 av. J.-C.)

Un présage significatif
75,1 Alors que Cornelius Sylla, surnommé "Felix" (Heureux) à cause de sa bonne fortune, était, tout petit, dans les bras de sa nourrice, une femme qui venait à sa rencontre lui dit : "Salut, enfant, heureux pour toi et pour ta République" ; et, interrogée aussitôt sur ce qu'elle avait dit, elle ne put le retrouver234.

Les faits d'armes
2 Questeur de Marius235, il reçut de Bocchus Jugurtha réduit à l'impuissance236. 3 Légat au cours de la guerre contre les Cimbres et les Teutons, il fit du bel ouvrage. 4 Préteur, il dit le droit entre les citoyens237. Préteur, il eut la province de Cilicie. 5 Pendant la guerre sociale, il vainquit les Samnites et les Hirpiniens. 6 Il s'opposa à Marius à propos de la suppression du monument de Bocchus. 7 Consul chargé de l'Asie, il mit en déroute au combat Mithridate à Orchomène et à Chéronée, il vainquit à Athènes son préfet Archelaos, reprit le port du Pirée, écrasa au passage les Mèdes238 et les Dardaniens239.

La guerre civile et la dictature
8 Bientôt après, alors que son commandement avait été transféré à Marius par la proposition de loi de Sulpicius, il revint en Italie240, et, ayant corrompu les armées adverses, il chassa Carbo d'Italie241, vainquit Marius242 à Sacriport, Telesinus243 près de la porte Colline. 9 Après la mort de Marius, tué à Préneste, il prit le nom de "Felix" par un édit. Le premier, il afficha des listes de proscription. 10 Il massacra dans la "villa publica"244 neuf mille hommes qui s'étaient rendus à merci. 11 Il augmenta le nombre des prêtres, affaiblit la puissance tribunicienne245.

12 Une fois la République mise en ordre, il abdiqua la dictature246 ; commençant à être dédaigné de ce fait, il gagna Pouzzoles et mourut de la maladie qu'on appelle phtiriasis.

Mithridate VI Eupator (v. 132–63 av. J.-C.)

Un grand roi conquérant
76,1 Mithridate, roi du Pont, descendant des Perses au septième degré, avait une grande vigueur d'esprit et de corps, au point qu'il menait un attelage à six chevaux, parlait la langue de cinquante peuples. 2 Pendant la guerre sociale, profitant des discordes des Romains, il chassa Nicomède de Bithynie et Ariobarzane de Cappadoce.

L'affrontement avec les Romains
3 Il diffusa une lettre à travers toute l'Asie, ordonnant qu'à une date fixée soit tué quiconque était Romain, et ce fut fait247. 4 Il s'empara de la Grèce et de toutes les îles, Rhodes exceptée. 5 Sylla248 le vainquit au combat, intercepta sa flotte par la trahison d'Archelaos, le mit lui-même en déroute et l'écrasa près de la place de Dardanos et il aurait pu le prendre si ce n'est que dans sa hâte contre Marius, il avait préféré conclure une paix, quelle qu'elle soit. 6 Ensuite, Lucullus249 le mit en déroute malgré son âpre résistance.

La déroute et la mort
7 Ensuite, vaincu par Pompée250 en combat de nuit, Mithridate se réfugia dans son royaume où, au cours d'une révolte populaire, assiégé dans une tour par son fils Pharnace il prit du poison. 8 Comme il l'absorbait trop lentement parce qu'il avait auparavant fortifié son corps contre les poisons avec de nombreuses drogues, il rappela un assassin envoyé contre lui, un Gaulois nommé Bithocus qui avait été terrifié par l'autorité de l'expression de son visage, et guida pour son propre meurtre la main de l'homme qui tremblait.

Pompée (106–48 av. J.-C.)

Les hauts faits
77,1 Cn. Pompée le Grand, ayant suivi le parti de Sylla pendant la guerre civile, se conduisit de telle manière qu'il se fit beaucoup apprécier de celui-ci. Il reprit aux proscrits la Sicile sans combat. 2 Il rendit à Massinissa la Numidie arrachée à Hierbas. Il célébra un triomphe à vingt-six ans251. 3 Simple citoyen252, il chassa d'Italie Lépide253 qui voulait briser les actes de Sylla. 4 Préteur254 envoyé en Espagne à la place des consuls, il vainquit Sertorius255. 5 Bientôt après, il soumit les pirates en moins de quarante jours256. Il contraignit Tigrane à la capitulation, Mithridate à l'empoisonnement257. 6 Ensuite, après une admirable bonne fortune, tantôt il envahit vers le septentrion les Albains, les Colches, les Hénioques, les Caspiens, les Ibères, tantôt, vers l'Orient, les Parthes, les Arabes et les Juifs, accompagné de la grande terreur qu'il inspirait. 7 Il parvint le premier jusqu'à la mer d'Hyrcanie, la mer Rouge et la mer d'Arabie.

Le triumvirat et la guerre civile
8 Bientôt après, alors que, l'empire du monde entier ayant été divisé, Crassus tenait la Syrie, César258 la Gaule, Pompée la Ville, il ordonna à César de démobiliser son armée, après la mort violente de Crassus259. 9 Chassé de la Ville par l'approche offensive de César, vaincu à Pharsale260, il s'enfuit auprès de Ptolémée261, le roi d'Alexandrie. Sur l'ordre de ce dernier, il fut tué par Achillas et Pothin, ses séides262.

(Son flanc fut percé d'un coup de poignard par Septimius, préfet de Ptolémée, sous les yeux de son épouse et de ses enfants. Alors, la tête du mort fut tranchée au glaive, pratique inconnue jusqu'à cette époque. Le corps jeté au Nil fut brûlé sur un bûcher par Servius Codrus et enterré, avec sur le sépulcre l'inscription : "Ci-gît Magnus". Sa tête, enveloppée dans un voile égyptien fut présentée avec son anneau par Achillas, le séide de Ptolémée, à César qui, sans retenir ses larmes, veilla à la faire brûler avec beaucoup de très coûteux parfums263).



Autour de César et d'Auguste

César (101–15 mars 44 av. J.-C.)

Les débuts
78,1 Caius Julius César, appelé " Diuus (divin)" pour rendre hommage à ses exploits, parti pour l'Asie comme compagnon de Thermus264, acquit une réputation déshonorante parce qu'il allait souvent chez Nicomède, le roi de Bithynie265. 2 Bientôt après, il accabla Dolabella266 dans un procès. 3 Tandis qu'il gagnait Rhodes pour ses études, il fut pris et mis à rançon par des pirates ; il les châtia ensuite après les avoir pris.

Les conquêtes
4 Préteur267, il soumit la Lusitanie et ensuite la Gaule268, depuis les Alpes jusqu'à l'Océan, et la Bretagne après avoir fait deux fois la traversée avec une flotte269.

La guerre civile
5 Alors que Pompée270 lui avait refusé de célébrer un triomphe, il le vainquit par les armes à Pharsale après l'avoir chassé de la Ville. 6 Quand la tête de celui-ci lui fut présentée, il pleura et la fit ensevelir avec les honneurs ; bientôt après, assiégé par les ministres de Ptolémée, il apaisa les mânes de Pompée par leur mort et celle du roi. 7 Il mit en fuite Pharnace, le fils de Mithridate, par sa seule renommée. 8 Il vainquit Juba et Scipion en Afrique271, les jeunes Pompées en Espagne dans une terrible bataille près de la place de Munda272. 9 Ensuite, en pardonnant à leurs amis, il déposa les haines avec les armes : en effet, il fit seulement tuer Lentulus, Afranius et Faustus, le fils de Sylla.

L'assassinat
10 Créé par le Sénat dictateur à vie273, il fut tué dans la Curie par vingt-trois blessures : Brutus et Cassius274 étaient les instigateurs du meurtre ; pendant que son cadavre était déposé devant les Rostres, le soleil voila sa course, dit-on.

Auguste (63 av. J.-C. –14 ap. J.-C.)

Les dernières guerres civiles
79,1 César Octavien, passé de la famille275 Octavia à la famille Julia, vainquit en Macédoine en vengeance de Jules César, qui l'avait institué héritier, les instigateurs du meurtre, Brutus et Cassius276. 2 Il l'emporta dans le détroit de Sicile sur Sextus Pompée277, le fils de Cn. Pompée278, qui réclamait les possessions paternelles. 3 Il termina par les armes la guerre contre Marc-Antoine279, consul en possession de la Syrie, qui fut vaincu pour son amour de Cléopâtre280 à Actium281 sur le littoral du golfe d'Ambracie.

La Paix auguste
4 Il soumit le reste du monde entier par l'intermédiaire de ses légats. Les Parthes lui rendirent volontairement les enseignes qu'ils avaient prises à Crassus282. 5 Les Indiens, les Scythes, les Sarmates et les Daces, qu'il n'avaient pas soumis, lui envoyèrent des présents. 6 Il ferma de sa propre main les portes du Janus Geminus qui avaient été fermées deux fois avant lui, la première fois sous Numa283, la seconde après la première guerre punique.

Le mythe de la dictature perpétuelle
7 Créé par le Sénat dictateur à vie284 en raison de ses hauts faits, il fut surnommé le divin Auguste.

Caton d'Utique (95–46 av. J.-C.)

Vertu de Caton
80,1 Alors que Caton le préteur, arrière-petit-fils de Caton le censeur, était élevé dans la maison de son oncle maternel Drusus285, il ne put être amené par Q. Popedius Silo, prince des Marses, à plaider la cause des alliés, ni par une récompense, ni par des menaces. 2 Questeur envoyé à Chypre286 pour convoyer l'argent provenant de l'héritage de Ptolémée, il le conduisit à destination avec la plus grande loyauté ; en outre, il fut d'avis que les conjurés287 devaient être châtiés.

Une fin conforme à ses idées
3 Lors de la guerre civile, il suivit le parti de Pompée288 ; après la défaite de ce dernier, il conduisit l'armée à travers les déserts d'Afrique où il remit au consulaire Scipion289 le commandement militaire qui lui avait été dévolu. 4 Son parti vaincu, il gagna Utique où il fut incité par son fils à faire l'épreuve de la clémence de César ; après avoir lu le livre de Platon qui traite du bien de la mort, il se tua lui-même290.

Cicéron (106–43 av. J.-C.)

Les années de formation
81,1 Marcus Tullius Cicéron, originaire d'Arpinum, né d'un père chevalier romain, remontait au roi Titus Tatius291. 2 Au procès de Roscius292, jeune homme, il fit preuve contre les syllaniens de son éloquence et de son sens de la liberté ; inquiet de la haine qu'il en avait retiré, il se rendit pour ses études à Athènes où il fut avec zèle l'auditeur du philosophe de l'Académie Antiochos. De là, il se rendit pour étudier l'éloquence en Asie, puis à Rhodes où il eut pour maître le rhéteur grec Molon, alors le plus habile à s'exprimer, qui pleura, dit-on, parce que la Grèce serait privée par son élève de la gloire de l'éloquence.

Les étapes de la carrière sénatoriale de Cicéron
3 Questeur, il eut la Sicile293. Édile, il fit condamner Caius Verrès pour concussion294. Préteur, il délivra des brigands la Cilicie295. 4 Consul, il châtia les conjurés par la peine capitale296.

Les mauvais choix politiques amènent l'exil, puis la mort
Bientôt après, il fut envoyé en exil par la haine de Clodius297 et sous l'impulsion de César et de Pompée298, qu'il avait critiqués, en les soupçonnant d'aspirer à la suprématie, avec le même sens de la liberté dont il avait usé naguère vis-à-vis des syllaniens : les consuls Pison et Gabinius, qui avaient reçu des bons offices de celui-ci (Clodius) les provinces de Macédoine et d'Asie299 pour salaire avaient été gagnés à sa cause ; bientôt après, il rentra sur une proposition de Pompée lui-même300, et il le suivit au cours de la guerre civile.

5 Après la défaite de ce dernier, il fut spontanément pardonné par César et après l'assassinat de celui-ci, il favorisa Auguste, fit déclarer Antoine ennemi public301.

6 Et alors que César, Lépide et Antoine s'étaient créés triumvirs302, la concorde ne sembla pas pouvoir être consolidée entre eux si Tullius n'était pas tué : des exécuteurs lui ayant été envoyés par Antoine alors qu'il se reposait par hasard à Formies, il apprit sa fin imminente par l'auspice du corbeau et fut tué pendant qu'il s'enfuyait303. Sa tête fut apportée à Antoine.

Marcus Brutus (vers 85-42 av. J.-C.)
82,1 Marcus Brutus, émule de son oncle maternel Caton304, apprit la philosophie à Athènes, l'éloquence à Rhodes. 2 Il aima la mime Cythéride en compagnie d'Antoine et de Gallus. 3 Questeur , il ne voulut pas aller en Gaule parce que ce dernier déplaisait à tous les gens de bien. 4 Il était en Cilicie avec son beau-père Appius305 et quand ce personnage fut mis en accusation pour concussion, il n'y eut même pas un mot de blâme contre Brutus.

5 Au cours de la guerre civile, rappelé de Cilicie par Caton, il suivit Pompée306 et après la défaite de ce dernier reçut son pardon de César307 et gouverna la Gaule comme proconsul ; cependant, il frappa César dans la Curie avec les autres conjurés. 6 Et, envoyé en Macédoine en raison de la haine des vétérans, il fut vaincu par Auguste308 dans la plaine de Philippes et présenta sa gorge à Straton.

Cassius († 42 av. J.-C.)
83,1 Caius Cassius Longinus fut questeur de Crassus en Syrie : après le meurtre de celui-ci309, il retourna en Syrie après avoir rallié ce qui restait de troupes. 2 Sur le fleuve Oronte, il battit Osacès, le préfet royal. 3 Ensuite, il fut surnommé "Caryota" (la datte) parce que, ayant acheté des marchandises syriennes, il avait fait du commerce de façon très honteuse. 4 Tribun de la plèbe310, il attaqua César311. Ayant suivi Pompée312 lors de la guerre civile, il fut mis à la tête d'une flotte. 6 Il reçut son pardon de César ; cependant, il fut avec Brutus313 l'instigateur de la conjuration contre celui-ci et, pendant le meurtre, il dit à un hésitant : "Frappe en mon nom, si tu préfère !" et, ayant mis une grande armée sur pied de guerre et fait sa jonction avec Brutus en Macédoine, il fut vaincu par Antoine dans la plaine de Philippes : comme il croyait que Brutus —qui avait vaincu César— avait eu le même sort, il présenta sa gorge à son affranchi Pindare. 7 En apprenant la nouvelle de sa mort, Antoine314, dit-on, s'écria : "J'ai vaincu".315

Sextus Pompée († 35 av. J.-C.)
84,1 Sextus Pompée, vaincu en Espagne près de Munda316, ayant perdu son frère, gagna avec le reste de l'armée qu'il avait rallié la Sicile, où il occupa la mer après avoir brisé les ergastules. 2 Ayant intercepté les approvisionnements, il fit grand tort à l'Italie ; et comme il usait de la mer avec bonheur, il se proclama fils de Neptune et le rendit bienveillant à son égard en sacrifiant des bœufs aux cornes dorées et un cheval. 3 La paix faite317, pendant qu'il festoyait sur son navire avec Antoine318 et César319, il dit, non sans finesse : "Voici mes Carines" ; parce que, à Rome, Antoine occupait sa maison aux Carines. 4 Le traité ayant été rompu par ce même Antoine, Sextus, vaincu en combat naval par Agrippa320 qui agissait pour Auguste, s'enfuit en Asie où il fut tué par les soldats d'Antoine.

Marc-Antoine (83–30 av. J.-C.)
85,1 Marc-Antoine, compagnon de Jules César321 dans toutes ses campagnes322, essaya de le coiffer du diadème aux Lupercales323 ; il décréta au mort des honneurs divins. 2 Il traita déloyalement Auguste324 par qui il fut battu à Modène325 ; vaincu par la famine à Pérouse, il s'enfuit en Gaule. Il s'y adjoignit Lépide comme collègue ; il tua Brutus326 après avoir corrompu son armée ; après avoir refait ses forces, il revint en Italie et rentra en grâce auprès de César. 3 Créé triumvir, il commença la proscription par Lucius César, son oncle maternel. 4 Envoyé en Syrie, il engagea la guerre contre les Parthes327 ; vaincu par ceux-ci, il ramena en Égypte à peine le tiers de ses quinze légions ; enchaîné là-bas par l'amour de Cléopâtre328, il fut vaincu par Auguste sur le rivage d'Actium. 5 Revenu dans Alexandrie, alors qu'il siégeait en tenue royale sur un trône digne d'un roi, il se résolut lui-même à se donner la mort.

Cléopâtre (69–30 av. J.-C.)
86,1 Cléopâtre, fille du roi des Égyptiens Ptolémée, chassée par son frère-époux Ptolémée qu'elle avait voulu priver du trône, vint trouver César329 à Alexandrie pendant la guerre civile ; elle obtint de lui le trône de Ptolémée et sa mise à mort en usant de son charme et en lui accordant ses faveurs. 2 Elle était d'une telle dépravation qu'elle se prostitua souvent, d'une telle beauté que beaucoup achetèrent une nuit avec elle en échange de leur mort. 3 Par la suite, elle fut unie à Antoine330, vaincue avec lui, et alors qu'elle feignait de lui apporter des offrandes funèbres, elle périt dans son mausolée en employant des aspics.




1 Elle est appelée Larentia par Tite-Live.

2 Notons que dans cette version de l'histoire des jumeaux, Romulus n'est pas coupable de fratricide (contra Tite-Live). Plutarque, Rom.10, donne les deux versions.

3 Les dates indiquées sont les dates officielles romaines, fixées vers l'époque de Cicéron et utilisées par la suite. Celles qui sont antérieures à la guerre de Pyrrhus sont légendaires, puis peu sûres.

4 Tite-Live parle de jeux en l'honneur de Neptune équestre, jeux qu'il identifie aux Consualia (?). Les Consualia, en l'honneur de Consus, se célèbrent en août, après les récoltes.

5 Dans le récit de Tite-Live, Acron n'est pas nommé (cf. Properce 4,10,7 et Plutarque, Rom. 16).

6 Pomponius n'est pas nommé par Tite-Live.

7 Ce qui signifie le premier danseur.

8 L'histoire de la découverte des livres de Numa (des apocryphes néopythagoriciens, sans doute), en 181 av. J.-C. avait été rapportée par les anciens Annalistes : Cassius Hemina (Pline l'Ancien, H.N., 13,84) et Valerius Antias (Plutarque, Vie de Numa, 21), et d'autres encore sans doute pour lesquels on n'a pas de témoignages. Tite-Live (40,29), qui a lu tous ses prédécesseurs, dit que la découverte est due au scribe L. Petilius, un client du préteur Q. Petilius qui traita l'affaire. La source de l'A. du De Viris avait sans doute utilisé Cassius Hemina, qui attribuait la découverte au scribe Cn. Terentius.

9 Confusion de l'A. avec le grand-père du roi, Hostus Hostilius (cf. Tite-Live 1,22).

10 Développement de 4,1

11 Le Tigillum sororium aux Carines.

12 Développement de 4,2.

13 Notons, dans ce court paragraphe, l'usage particulièrement maladroit du pronom ipse (lui-même) qui renvoie successivement à Fufetius et à Tullius.

14 Je traduis la leçon de A auentinum et ianiculum ; les autres mss écrivent auentinum et murcium ; l'éd. Teubner imprime Murcium et Janiculum, ce qui n'est pas acceptable. Le Janicule, haute colline sur la rive droite du Tibre n'a jamais été compris dans les limites sacrées de la Ville ; l'Aventin, colline de la plèbe, est à l'époque et pour longtemps encore à l'extérieur du pomerium ; le Murcium n'est pas un mont mais une zone basse, la vallis Murcia, entre le Palatin et l'Aventin, où Ancus aurait effectivement établi les Latins vaincus (cf. Tite-Live, 1,33).

15 Tite-Live (l.l.) dit que la forêt Maesia fut enlevée aux Véiens.

16 Ce personnage homonyme d'un héros thrace n'est pas mentionné dans le récit de Tite-Live (1,32).

17 Titre royal étrusque.

18 Mis au défi par le roi de couper une pierre avec un couteau, il coupa la pierre en deux (Tite-Live 1,36).

19 Dans le récit livien (1,40), l'attention du roi est attirée par le bruit d'une querelle à l'extérieur du Palais et il se fait amener les perturbateurs, deux bergers, qui sont ses futurs assassins.

20 La mère de Servius Tullius n'est pas nommé par Tite-Live (1,39).

21 Atténuation du récit livien (1,46) qui parle de double assassinat.

22 À la fois canal de drainage et égout, la Cloaca Maxima conduit vers le Tibre les eaux de l'ancien marécage occupant la vallée du Vélabre entre le Capitole et le Palatin ; elle ne fut couverte qu'au IIIe s. av. J.-C. En même temps Tarquin faisait établir les fondations du temple de Jupiter Capitolin sur le Capitole ; selon la légende, le temple sera inauguré après l'expulsion du roi, en 509 av. J.-C.

23 Tite-Live (1,60) dit que Tarquin se réfugia à Caeré avec deux de ses fils et que Sextus Tarquin se rendit à Gabies.

24 L'A. utilise ici le présent de narration, pour donner plus de rapidité à son récit ; cet effet stylistique est très rare dans le De Viris (cf. aussi 59,3).

25 Sp. Lucretius, le père de Lucrèce.

26 L. Valerius Publicola (cf. infra, chap. 15).

27 C'est parce qu'il s'était ainsi mutilé la main droite en la plaçant dans le feu allumé sur l'autel sacrificiel qu'il fut surnommé Scaevola, c'est-à-dire "le Gaucher".

28 Cette notice sur la famille Fabius dont les membres s'étaient maintenus au consulat plusieurs années de suite avant la bataille du Crémère rompt l'ordre chronologique, suivi jusqu'ici, de la présentation des vies ; cette première altération du fil chronologique sera suivie de beaucoup d'autres, parfois justifiées par la logique du récit (cf. les tableaux de l'introduction). Chez Tite-Live la bataille du Crémère et la mort des trois cents Fabii est à sa place chronologique. Dans Ampelius, 20,2, la notice sur les Fabii fait partie du même chapitre que celles sur les héros de la lutte contre Porsenna. On remarque dans les deux textes une utilisation parallèle du verbe rare depoposcit / depoposcerunt.

29 Bataille du Crémère en 477 av. J.-C.

30 C'était auparavant la porta Carmentalis.

31 Cf. infra, chap. 43.

32 Sp. Lucretius, successeur pour quelques jours de Brutus, qui était mort dans la guerre contre les Étrusques qui soutenaient les Tarquins (cf. chap. 10).

33 La Velia est un épaulement rocheux qui formait comme un pont entre le Palatin et l'Esquilin.

34 La lex Valeria de prouocatione serait, selon la tradition des Annalistes, la première loi votée par les comices centuriates (en 509 av. J.-C.?). Elle aurait institué dès cette époque le droit des citoyens à faire appel, devant les comices, d'une condamnation proposé à leur encontre par un magistrat. Son historicité est plus que douteuse : c'est sans doute une anticipation de la lex Valeria de 300 av. J.-C., proposée par le consul Valerius Corvus.

35 Cf. Florus, 1,5 qui nomme par erreur le maître de la cavalerie Cossus. Tite-Live, pour sa part, appelle le maître de la cavalerie Ti. Aebutius mais ne parle pas pour cette bataille de la tactique employée pour lancer les chevaux dont il attribue l'invention à A. Cornelius Cossius, lors de la prise de Fidènes vers 427/6 av. J.-C. Tite-Live ne mentionne pas non plus l'apparition des jumeaux divins. Une dédicace grecque au Dioscures, trouvée à Lavinium (ILLRP, 1271, a) et datable de la fin du VIe ou du début du Ve s. av. J.-C., atteste l'ancienneté de leur culte ; le temple de Castor, à Rome, a été dédié en 484 av. J.-C.

36 C'était un marché sur le Vicus Iugarius, en bas du Capitole.

37 egregia militiae facinora : il faut remarquer que le terme facinus, un déverbatif de facio (faire), n'a pas ici la valeur péjorative qu'il prend presque toujours chez les auteurs postérieurs à Salluste : témoignage de l'ancienneté de la source suivie par notre A., sans doute.

38 Cependant Tite-Live (2, 40) rapporte que Fabius Pictor disait qu'il mourut de vieillesse en exil.

39 Seruius Sulpicius (Tite-Live, 6,34).

40 Quand un détenteur de l'imperium consulaire, ici un tribun militaire faisant fonction de consul, entrait dans une maison, un licteur frappait la porte avec une verge de son faisceau. L'anecdote, qui est développée par Tite-Live (6,34), semble inventée : fille d'un patricien qui avait été deux fois tribun militaire à puissance consulaire, la jeune femme connaissait à coup sûr le protocole des licteurs.

41 Le petit-fils du décemvir Ap. Claudius Crassinus qui fait l'objet de la notice suivante (chap. 21).

42 Tite-Live (3,58) écrit qu'il se donna la mort.

43 En 292 av. J.-C.

44 La statue d'Esculape à Épidaure était l'œuvre de Thrasymène de Paros.

45 En 291 ou 290 av. J.-C. sur l'île Tibérine, en face du Capitole.

46 Le 18 juillet 390 av. J.-C.

47 Erreur de l'A. : Manlius n'est pas un surnom, mais un nom de famille ; d'après Tite-Live (6,20), la famille renonça au prénom "Marcus".

48 Cf. chap. 17.

49 En 437 av. J.-C., il était alors tribun militaire.

50 En 343 av. J.-C.

51 En 361 av. J.-C., les consuls sont C. Sulpicius et C. Licinius Calvus, il y a aussi un dictateur, Ti. Quinctius Poenus (Tite-Live 7,9) : l'A. a confondu les titres.

52 En 340 av. J.-C., à la bataille du Veseris, cf. chap. 26.

53 L. Furius Camillus, consul unique à la suite de la mort d'Ap. Claudius, est le fils du dictateur Camille (voir chap. 23).

54 C'est-à-dire "le petit corbeau" ou "le fils du corbeau" ; l'affaire se passe en 349 av. J.-C.

55 Le patricien romain Ti. Quinctius, voir le récit de Tite-Live 7, 39-41.

56 Papirius était en réalité dictateur en 325 av. J.-C. ; c'est l'année précédente qu'il avait été consul pour la première fois : sa cruauté à l'égard d'un jeune débiteur avait causé scandale et amené l'abolition de l'esclavage pour dettes par la lex Poetilia Papiria de nexis (Tite-Live 8,28).

57 Bataille d'Imbrinum, en 325 av. J.-C.

58 Voir le § précédent.

59 Victoire de Sentinum en 295 av. J.-C.

60 Le temple d'Honos et Virtus : deux abstractions personnifiées (Honneur et Vertu) était situé près de la porte Capène qui ouvrait sur la via Appia ; c'est en réalité du temple de Mars, tout voisin, que partait la procession annuelle des chevaliers à cheval : la transuectio equitum.

61 Le 15 juillet.

62 L'Adriatique.

63 D'après Tite-Live (9,30), ils se mirent en grève et les censeurs durent leur rendre leurs droits.

64 Pour la plupart des éditeurs, cette phrase est une glose marginale passée dans le texte des mss.

65 Quelques années plus tard, écrit Tite-Live (9,29), sans doute à la fin de sa vie : la vengeance des dieux n'a pas été prompte !

66 Selon Tite-Live (9,29), elle comptait à l'époque douze familles et à peu près trente adultes : tous moururent dans l'année.

67 Ap. Claudius Caecus s'opposa au partage des sacerdoces au moment de la discussion de la Lex Ogulnia en 300 av. J.-C. (Tite-Live, 10, 6 sq.) ; l'A. fait une confusion avec Ap. Claudius Crassus Inregillensis auquel il a fait allusion supra 20,2 pour son opposition au partage du consulat (cf. Tite-Live, 6,40).

68 Q. Fabius, consul en 308, alors proconsul (307 av. J.-C.).

69 Les censeurs sont deux, élus tous les cinq ans ; l'usage constitutionnel veut qu'ils abdiquent leur charge en cas d'empêchement de l'un des deux, et de toute façon au bout de dix-huit mois. Ap. Claudius tint à l'écart son collègue Plautius et refusa d'abdiquer la censure en 310 av. J.-C., malgré un procès retentissant qui lui fut intenté par le tribun de la plèbe P. Sempronius (Tite-Live, 9,33 sq.).

70 Je laisse en latin la réponse de la Pythie de Delphes pour lui conserver son ambiguïté : elle peut se traduire de deux manières :
             -              "Je dis, Éacide, que les Romains peuvent te vaincre".
             -              "Je dis, Éacide, que tu peux vaincre les Romains".
Augustin (C.D., 3,17), dont la source est Varron, écrit : Dico te, Pyrrhe, uincere posse Romanos, qui a le même double sens. Orose (1,4,7), dont la source est Tite-Live, fait une allusion explicative à la réponse supposée de la Pythie (évidemment traduite du grec au latin !), mais ne cite pas l'oracle.

71 En 280 av. J.-C.

72 Pyrrhos remportait la victoire avec tant de pertes pour son armée que l'on parle encore de "victoires à la Pyrrhos".

73 Allusion au deuxième des travaux d'Hercule : le combat contre l'Hydre de Lerne dont les têtes repoussaient dès que le héros les avaient coupées.

74 Cf. supra, chap. 33.

75 Bataille d'Ausculum, en 279 av. J.-C.

76 À la suite du § 11, se trouve une longue interpolation de A (=Hist. misc. 2,17) mettant en valeur la loyauté de Fabricius.

77 Cette anecdote légendaire, qui traite du topos de la révolte des esclaves et de la peur qu'elle induit est maladroitement intercalée entre la notice sur Pyrrhos et celle sur Caudex ; elle se rapporte à une époque indéterminée avant la prise de la cité par le consul Fulvius Flaccus en 264 av. J.-C., qui termine la guerre commencée par Fabius Gurges l'année précédente (chap. suivant) ; il semble y avoir eu à l'époque des révoltes serviles un peu partout en Étrurie, d'où la création de fables sur un modèle traditionnel, comme celle-ci. Toute l'Étrurie est ensuite annexée et les cités deviennent cités fédérées. Orose (4,5,3-5), dont la source est pour ce passage la partie perdue de Tite-Live, fait aussi allusion à une révolte des affranchis de Volsinies qu'il date de 480 a.V.c. (274 av. J.-C. si on traduit son comput en date moderne, mais comme dans cette section des Histoires, il y a un décalage de sept ans environ, l'événement se serait passé en 267 av. J.-C., soit après la mort de Decius Mus).

78 P. Decius Mus III était consul en 279 ; il aurait accompli à Ausculum le rite de la deuotio, comme son père et son grand-père avant lui, une légende, sans doute...

79 Voir le chap. 36 et les notes ad loc.

80 Hiéron, roi de Syracuse de 269 à 215 av. J.-C.

81 Machines de guerre élémentaires, qui sont embarquées et permettent de lancer des grappins sur les navires ennemis.

82 Aulu-Gelle (3,7) nous a conservé le long récit que Caton l'Ancien avait consacré dans ses Origines à l'exploit de Q. Caedicius, appelé aussi M. Calpurnius Flamma (Liv. 22,11, Per. 17), comme ici, ou Laberius, le tribun des soldats qui sauva l'armée consulaire. Il était comparé à Léonidas aux Thermopyles.

83 Victoire romaine du cap Ecnome, été 256 av. J.-C.

84 Au printemps 255 av. J.-C. les Romains restés en Afrique, privés du soutien de leur flotte ramenée en Italie par L. Manlius Vulso, furent écrasés par Xanthippe.

85 Je respecte dans la traduction la répétition maladroite missus ... missus faite par l'A., indice, sans doute, d'une prise de note hâtive.

86 uigiliis ac dolore : sans doute une figure trouvée dans la source de notre abréviateur, qui avait relaté les deux supplices successifs ; expression absurde ici, sortie de son contexte. Sur les supplices infligés à Régulus et la vengeance qui en fut tirée, voir mon livre : Histoire à Rome, p.103-4.

87 241 av. J.-C.

88 Le premier historien de Rome, le patricien Fabius Pictor, un contemporain des événements, voyait dans l'ambition personnelle d'Hannibal, disciple de son beau-frère Hasdrubal, la cause principale de la 2e guerre punique ; cette interprétation, qui est celle de la plupart des modernes, a été dès l'Antiquité combattue dans ses Histoires par Polybe, qui voulait justifier la destruction de Carthage par son ami Scipion Émilien en faisant peser la responsabilité des affrontements sur la cité toute entière.

89 En 228, † d'Hamilcar au siège d'Helikè (Elche) ; Hannibal n'est suffète d'Espagne qu'en 221 av. J.-C., après l'assassinat de son oncle Hasdrubal.

90 En 219 av. J.-C. Seul, le sanctuaire de la Diane apportée par Zacynthos aurait été épargné (Pline l'Ancien, H.N. 16,216, citant la Chronique de Cornelius Bocchus).

91 Parti d'Espagne en mai 218 av. J.-C., Hannibal a passé peu après les Pyrénées au col du Perthus, et les Alpes à la fin de l'été, par un itinéraire sur lequel les spécialistes ne sont pas d'accord à cause de l'imprécision et des contradictions des récits de Polybe et de Tite-Live.

92 Le 21 juin 217 av. J.-C.

93 Le 2 août 216 av. J.-C.

94 Fabius Cunctator, cf. la notice suivante.

95 En 203 av. J.-C.

96 P. Cornelius Scipio Africanus (cf. chap. 49) remporte la victoire à Zama, en oct. 202 av. J.-C.

97 Antiochos III Megas fait l'objet du chap. 54. Hannibal lui propose ses services en 195 av. J.-C.

98 Les deux anecdotes sont détaillées dans Plutarque, Vie de Fabius, 20,1.

99 Cf. Tite-Live, 22,23, Plutarque, Vie de Fabius, 7, 5-8.

100 En 204 av. J.-C. (voir chap. 46)

101 Confusion entre le père, consul en 191 et le fils, consul en 162 av. J.-C. : c'est ce dernier qui a été surnommé Corculum.

102 En 222 av. J.-C., cf. Per. 20 et Ampelius 21.

103 En 216 av. J.-C.

104 Prise de Syracuse en 212 av. J.-C.

105 En 208 av. J.-C.

106 Le nom gentilice "Claudius" est porté par plusieurs familles, patriciennes ou plébéiennes : la Claudia dont il est question ici est Claudia Quinta, une patricienne ; elle n'a de lien familial ni avec M. Claudius Marcellus, un plébéien, qui fait l'objet de la notice précédente, ni avec le patricien C. Claudius Nero (chap. 48).

107 Cf. Ovide, Fastes, 4, v. 181-372, qui développe longuement l'anecdote à laquelle Tite-Live (29,14) fait à peine allusion.

108 Voir supra, chap. 44.

109 En 214 av. J.-C.

110 En 204 av. J.-C., Caton questeur de Sicile s'efforça, en fait, de contrarier les plans de Scipion (chap. 49) et d'obtenir son rappel.

111 Le poète (239-169 av. J.-C.), né à Rudiae, cité fédérée de Messapie, avait une culture trilingue (osque, grec, latin) "trois cœurs", nous dit-il ; il servit effectivement en Sardaigne et Caton fut l'un de ses protecteurs. D'autres sources disent que Caton n'apprit le grec que dans sa vieillesse.

112 En 195 av. J.-C.

113 En 191 av. J.-C.

114 En 184-182, avec son protecteur et ami le patricien L. Valerius Flaccus.

115 L. Quinctius Flamininus, frère du vainqueur de Philippe V cf. infra chap. 51.

116 Plusieurs versions de la cruauté du consul : cf. Tite-Live, 39, 42-43.

117 La lex Oppia sumptuaria de 215 av. J.-C. fut abrogée par la lex Valeria Fundania de 195 av. J.-C., malgré l'opposition de Caton et de son parti.

118 Le patricien Ser. Supicius Galba préteur en Espagne en 151 av. J.-C. n'avait respecté ni le droit de la guerre ni le droit des gens.

119 Caton n'avait eu qu'un fils de sa première épouse Licinia : M. Porcius Cato Licinianus, † 152 préteur désigné, qui avait épousé Tertia, fille de Paul-Émile (†160), sœur de Scipion Émilien et de Q. Fabius Maximus Aemilianus. Il épousa, très âgé, la très jeune fille d'un de ses clients, Salonius, ce qui choqua sa famille et les Romains ; il en eut un fils, Salonianus, le grand-père de Caton d'Utique (chap. 80).

120 La description des obsèques des grands personnages par Polybe (Hist., 6, 53-54) permet de comprendre cette phrase obscure : ... après que le corps a été enseveli selon les rites, on place l'image du défunt à l'endroit le plus en vue de la maison, dans une petite armoire en bois ; ces images sont des masques d'une très grande ressemblance, tant pour les traits du visage que pour l'expression. À l'occasion des fêtes religieuses, on ouvre les armoires et on pare ces images avec grand soin. Quand un homme illustre de la famille vient à disparaître, on fait porter les images dans le cortège funèbre par des hommes qui ont une taille et une allure comparable à celle du disparu ; ces hommes revêtent en outre une toge bordée de pourpre s'ils figurent un personnage consulaire ou prétorien, une toge pourpre s'ils figurent un ancien censeur, une toge brodée d'or s'ils figurent un triomphateur ou un personnage ayant accompli un exploit comparable ; ils avancent sur des chars, précédés des faisceaux, des haches et des autres insignes habituels des magistrats, selon la charge exercée dans la cité au cours de sa vie par le personnage qu'ils représentent ; quand ils atteignent les rostres, ils s'asseyent tous à la file sur des sièges d'ivoire...

121 245 – 207 av. J.-C.

122 M. Livius Salinator, cf. chap. 50.

123 La fortuna est ici la traduction de la tychè des Grecs, une personnification du hasard des combats que l'on invoque aussi pour la protection des villes.

124 Cf. Tite-Live 22,53.

125 Voir le chap. 42.

126 L. Cornelius Scipio Asiaticus, cf. chap. 53.

127 Antiochos III Megas, cf. chap. 54.

128 Dans sa propriété de Literne, en 187 av. J.-C.

129 Tite-Live (38,56 ; 39,52) se fait l'écho des contradictions de ses sources à propos du procès de Scipion, des circonstances et de la date de sa mort, et du lieu où il a été inhumé : le tombeau de la via Appia ou la villa de Literne.

130 La tribu a été créée en 321 av. J.-C. ; son territoire d'origine se trouvait entre Rome et les plaines pontines. À l'époque de Cicéron, c'est à cette tribu qu'appartenait Milon, l'assassin de Clodius.

131 Cf. supra chap. 48.

132 Les aerarii sont des citoyens aux droits civiques diminués ; ils n'ont pas le droit de vote.

133 Voir Tite-Live 29,37, sur la rivalité exacerbée des censeurs à leur sortie de charge et les mesures inapplicables de Salinator.

134 Le nom est corrompu : il s'agit du patricien T. Quinctius Flamininus.

135 Confusion de l'auteur entre le surnom du consul de 198, qu'il abrège, et le nom gentilice du vaincu de Trasimène, qui mourut dans la bataille : le plébéien Caius Flaminius.

136 Philippe V, roi de Macédoine (221-179) battu à Cynoscéphales en 197 av. J.-C. par Flamininus.

137 Mille talents, payables en plusieurs fois ; à ce propos et pour les autres clauses de la paix, voir Tite-Live 33,30.

138 Roi de Sparte auto proclamé en 207 av. J.-C. : en fait, un tyran qui s'appuie sur une plèbe venue de toute la Grèce ; il lutte contre les Achéens et Messène, pille Argos que Philippe lui avait donnée (Tite-Live, 32,38) ; la guerre avec les Romains a lieu en 195-194 ; Sparte n'est pas prise et Nabis reste au pouvoir, mais il a perdu Argos et des débouchés maritimes. Philopœmen, stratège de la ligue achéenne, bat Nabis en 192 av. J.-C.

139 Telle est la traduction du texte transmis par les mss ; sachant que l'acte le plus important de Flamininus après sa victoire fut la proclamation de la liberté de la Grèce aux Jeux isthmiques de juillet 196 av. J.-C., les éditeurs supposent ici une lacune qu'ils ont essayé de combler par diverses corrections.

140 Cf. chap. 42.

141 Dans les livres 13-15 des Annales, perdues pour nous sauf quelques fragments.

142 Cf. chap. 49.

143 Cf. chap. suivant.

144 Cf. chap. 47.

145 La cité avait été fondée par le diadoque Lysimaque (361-281), battu et tué par Seleucos à Kouropedion. Le Séleucide Antiochos III descend de lui par les femmes.

146 Hiver 190-189 av. J.-C., victoire romaine de Magnésie du Sipyle, suivie en 188 av. J.-C. par la paix d'Apamée.

147 Antiochos III fut tué en Élymaïde le 3 ou le 4 juillet 187 av. J.-C. Diodore situe la mort du roi à l'occasion du pillage du téménos de Zeus (28,3) et du sanctuaire de Bêl (29,15) à Élymaïs.

148 En 189 av. J.-C., après le rappel des Scipions (cf. chap. 49 et 53), soupçonnés par le Sénat de ménager Antiochos (cf. chap. 54), le consul Manlius Vulso fait la guerre pour Pergame et pille la Galatie.

149 L'histoire complète est dans Tite-Live (38,24).

150 L. Aemilius Paullus, consul en 216 av. J.-C.

151 Persée, né en 212 av. J.-C., roi de Macédoine (179-165), battu le 22 juin 168 à Pydna, s'enfuit dans l'île de Samothrace, puis se rendit à Paul-Émile.

152 Triomphe de Paul-Émile : 28-30 nov. 167 av. J.-C.

153 Cf. chap. 53.

154 En fait, c'est pendant son premier consulat qu'il fit campagne en Sardaigne où il resta l'année suivante (177-176 av. J.-C.). Il avait soumis les Celtibères en 179 av. J.-C. alors qu'il était préteur.

155 Plutarque fait remonter à Romulus l'origine du proverbe qui fait allusion à des enchères interminables (Vie de Rom., 25).

156 169 av. J.-C.

157 Voir l'histoire exacte dans Tite-Live 43,16.

158 En réalité, il fut adopté par le fils de Scipion l'Africain.

159 En 146 av. J.-C.

160 En 133 av. J.-C.

161 Tiberius Gracchus, voir infra, chap. 64.

162 sub corona dit le texte, littéralement sous la couronne : il s'agit des prisonniers de guerre vendus à l'issue de la bataille par le général en chef.

163 Les triumvirs agraires étaient, à cette date, Caius Gracchus, M. Fulvius Flaccus et C. Papirius Carbo. Scipion avait entrepris de faire réviser la lex Sempronia pour en faire excepter les Italiens. Les adversaires des populares semblent avoir voulu le faire créer dictateur.

164 Certains disaient qu'il avait été étranglé.

165 Q. Pompeius, consul en 141 av. J.-C. avait essuyé un désastre dans sa campagne contre les Numantins, mais c'est à M. Popilius Laenas, consul en 139 av. J.-C., que Mancinus a succédé en Espagne. Certains éditeurs corrigent en conséquence le texte du De Viris, mais l'erreur remonte vraisemblablement à l'abréviateur lui-même.

166 Voir chap. 64.

167 Voir chap. suivant.

168 En 148 av. J.-C.

169 Voir chap. 60.

170 Cf. chap. 73.

171 Lex Apuleia agraria, en 100 av. J.-C.

172 Q. Calidius est l'un des tribuns de la plèbe qui venaient d'entrer en fonction le 10 déc. 99. Sa proposition a abouti au vote de la Lex Calidia de Q. Caecilio Metello reuocando, en déc. 99 av. J.-C.

173 Cf. supra, chap. 59.

174 Attale III, dernier roi attalide, mort sans descendance en 133 av. J.-C., avait légué ses possessions au peuple romain, à l'exception de la cité de Pergame qui devait rester libre.

175 Le juriste popularis P. Mucius Scaevola, grand pontife successeur de Nasica († 132) et de Licinius Crassus († 130), qui publia v. 130 av. J.-C. un abrégé des Annales Maximi.

176 Grand pontife depuis 141 av. J.-C., c'est le petit-fils du Scipion Nasica qui fait l'objet du chap. 44, et le fils de Scipion Corculum. Il était surnommé "Sérapion" par dérision.

177 Ici, une interpolation dans la tradition de A (= Orose, 5, 9), introduite par aliter (autrement).

178 En 125 av. J.-C.

179 Élu en juil. 124 av. J.-C., il entre en fonction le 10 déc. de l'année, et est réélu en 123 pour 122, jusqu'au 9 déc. ; il est assassiné en avril 121.

180 Confusion de l'A. dans le nom et la succession des triumvirs agraires : le patricien Ap. Claudius Pulcher, nommé par Tiberius, son gendre, est mort à la fin de 130 av. J.-C. et a été remplacé à cette époque par Papirius Carbo. P. Licinius Crassus, beau-père de Caius, est mort en 130 av. J.-C. : il avait remplacé Tiberius après son assassinat.

181 Par le vote du sénatus-consulte ultime, une formule définie pour l'occasion, le Sénat avait donné les pleins pouvoirs à Opimius, seul consul présent à Rome.

182 Sur la rive droite du Tibre.

183 Vers 94 av. J.-C.

184 Vers 97 av. J.-C.

185 J'essaie de rendre le jeu de mots de l'A. qui porte sur insignibus (insignes = les insignes, les emblèmes des magistrats) et insignius (comparatif de supériorité de insignis = remarquable).

186 Livius Drusus est tribun à partir du 10 déc. 92 av. J.-C., trente ans après son père et homonyme qui avait été le principal rival de Caius Gracchus.

187 Le jeune Cépion (Q.Servilius Caepio) avait été le mari de la sœur de Livius Drusus qui l'avait obligé à divorcer pour donner sa sœur à un autre époux, d'où la haine de Cépion.

188 Allusion, sans doute, à la gourmandise du consul , L. Marcius Philippus. Mais hors contexte, donné par les autres auteurs, on pourrait traduire "de la saumure de labre" poisson de mer commun, plus connu sous le nom de "vieille", qui donnait un garum médiocre.

189 Cf. Appien (B. civ. I, 35) dont la source est ici Tite-Live.

190 En oct. 91 av. J.-C.

191 En 107, 104-100, et 86 av. J.-C.

192 Le cursus honorum (carrière des honneurs) de Marius fut régulier, mais lent, comme il était habituel pour un homme nouveau qui, à cette époque, n'aurait pas dû normalement aller au delà de la préture : Marius l'obtint en 116 av. J.-C., à 41 ans, âge où les nobles étaient déjà consuls.

193 Cf. chap. 62.

194 La chronologie est un peu brouillée par l'A. : Marius est consul en 107 pour la première fois, la capture de Jugurtha date de 105, et le triomphe est célébré en 104 pendant son deuxième consulat.

195 En 102 av. J.-C. Voir chap. 73.

196 Près de Verceil, en 101 av. J.-C.

197 Marius triomphe sur les Cimbres et les Teutons en 101 av. J.-C., pendant son cinquième consulat.

198 Voir chap. 73.

199 Voir chap. 75.

200 Voir chap. 69

201 Le 17 janv. 86 av. J.-C.

202 Bataille de Sacriport, au printemps 82 av. J.-C.

203 La cité capitula à la fin de novembre : Lucretius fit un massacre des survivants. Par un juste retour des choses, il fut égorgé peu après par un centurion sur l'ordre de Sylla alors qu'il présentait sa candidature au consulat pour 81 av. J.-C.

204 La Lex Cornelia de exulibus reuocandis, dont Cn. Octauius empêcha alors le vote, fut votée après le retour de Marius.

205 Lex Octauia de consulatu Cinnae abrogando.

206 Au printemps 84 av. J.-C.

207 L. Valerius Flaccus le Jeune, qui avair remplacé Marius au consulat après sa mort en 86 av. J.-C. C. Flauius Fimbria avait le titre de magister equitum.

208 Au printemps 85 av. J.-C.

209 C'est Sylla qui a fait décapiter des militaires après le suicide de Fimbria et le ralliement de son armée.

210 Il se tua dans le sanctuaire d'Esculape en appelant sur ses ennemis la malédiction du sacrilège (automne 85 av. J.-C).

211 Il s'agit, en fait, du proconsul Q. Fabius Maximus Seruilianus qui, encerclé par Viriathe, avait dû traiter : en 140 av. J.-C. un accord fut signé, mettant fin provisoirement à sept ans de guerre contre les Lusitaniens et les Cetibères. M. Popilius Laenas était consul en 140 av. J.-C. avec le frère de Fabius, Cépion (Q. Seruilius Caepio).

212 Scaurus a été questeur de Sardaigne en 125 av. J.-C. ; né en 162 av. J.-C., il a eu un début de carrière lent et difficile.

213 Un jeu de mot intraduisible (iuri reddendo ... muneri eddendo).

214 En fait, Scaurus était à Rome, en 116, à la tête du parti des sénateurs favorables aux revendications d'Adherbal, et à l'intervention directe contre Jugurtha dont les ambassadeurs répandaient l'argent pour corrompre la majorité du Sénat.

215 Lex Aemilia sumptuaria et lex Aemilia de libertinorum suffragiis.

216 Phase in iure, au cours de laquelle le plaignant s'adresse au magistrat.

217 Cf. chap. 65.

218 Cf. chap. 67 et 73.

219 Au cours d'une des très nombreuses accusations qui furent la conséquence de la lex Varia de Maiestate de 91/90 av. J.-C. Scaurus mourut peu après.

220 Le Sucro est un fleuve espagnol.

221 Cf. chap. 67.

222 Lex Apuleia de coloniis in Africam deducendis, en 103 av. J.-C., suivie en 100 av. J.-C. (infra § 5) par la lex Apuleia agraria, autrement connue sous le nom de lex Apuleia de coloniis in Siciliam Achaiam Macedoniam deducendis.

223 Cf. chap. 62. L'homme s'appelait Equitius ; c'était, semble-t-il, un aventurier, originaire de Firmum.

224 Nonnius, en 101 av. J.-C.

225 Il s'agit de l'or maudit, le fameux aurum tolosanum, enlevé par Q. Servilius Caepio (consul en 106 av. J.-C.) aux Gaulois Tectosages, qui l'avaient eux-mêmes volé à Delphes. En fait, il semble bien que le trésor avait en grande partie disparu pendant son transport : Caepio fut accusé de l'avoir volé. Une légende dit que les Gaulois avait jeté le trésor dans un lac : certains le cherchent toujours !

226 Cf. chap. 62.

227 C. Memmius, le 9 déc. 100 av. J.-C. Saturninus devait entrer en charge pour son troisième tribunat le lendemain (l'année des tribuns commence le 10 déc.).

228 C'est la formule du sénatus-consulte ultime. L'action de Marius se passe le 10 déc. ce qui rend peu vraisemblable l'incise maximoque aestu (par une très grosse chaleur), transmise par la tradition A, un détail sans doute inventé, amené par la mention des canalisations d'eau coupées pour amener la reddition rapide des assiégés. Les mss de la trad B portent la leçon maxima/maximoque quaestu, qui ne veut pas dire grand chose dans ce contexte, et certains éd. corrigent maximoque astu (par une très grande ruse).

229 De jeunes sénateurs, grimpés sur le toit de l'édifice, y avait pratiqué des brèches. Cf. Plutarque, Marius, 31 ; Appien, B. civ. 1,33,

230 C'est le père de L. Licinius Murena, légat de Lucullus à partir de 74 av. J.-C., qui sera élu consul en 63 pour 62 av. J.-C. et défendu par Cicéron d'une accusation de brigue (Pro Murena).

231 Ces événements se passent au cours de la première guerre contre Mithridate, cf. le chap. suivant. Le roi d'Égypte est alors Ptolémée IX Sôter "Lathyros".

232 Deuxième guerre contre Mithridate (74-67 av. J.-C.) ; sur Mithridate, cf. chap. 76.

233 Plutarque fait aussi allusion à la démence de Lucullus dans la vie qu'il lui a consacrée (Luc. 43) ; il dit que ce détail ne se trouve que dans Cornelius Nepos.

234 Omen caractéristique.

235 Cf. chap. 67.

236 En 105 av. J.-C., le roi mauritanien Bocchus, circonvenu par Sylla lui livra son gendre Jugurtha ; la représentation sculptée de la scène fut l'occasion de la mésentente entre Marius et Sylla (infra, § 6).

237 Ce qui signifie qu'il fut préteur urbain.

238 Un peuple de Thrace.

239 Première guerre de Mithridate (88-85 av. J.-C.), ; sur Mithridate, cf. chap. 76.

240 Au printemps 83 av. J.-C., Sylla débarque à Brindes.

241 À la fin de 82 av. J.-C., Pompée s'empara de Papirius Carbo (consul en 82 av. J.-C.) à Messine et le fit pendre.

242 Marius le Jeune, l'autre consul de 82 av. J.-C., cf. chap. 68.

243 Pontius Telesinus était le frère aîné du compagnon de Marius le Jeune (cf. chap. 68). Trouvé blessé et inconscient après sa défaite, il fut achevé sur l'ordre de Sylla (1er nov. 82 av. J.-C.).

244 C'était un parc au Champ de Mars, situé près des saepta où se réunissaient les comices centuriates ; au centre se trouvait un édifice où les censeurs procédaient aux opérations du cens.

245 Les tribuns de la plèbe retrouveront la plénitude de leur pouvoir et la possibilité de continuer leur cursus dès le consulat de Pompée et de Crassus en 70 av. J.-C.

246 Il y a encore discussion sur la date où Sylla abdiqua la dictature qui lui avait été octroyée par la lex Valeria au début de déc. 82 av. J.-C. : été 79 (date traditionnelle) ou bien dès le 1er juin 81 av. J.-C. ; cette dernière date est la plus vraisemblable.

247 En 88 av. J.-C. : plus de 80 000 R(wmai/oi (Romains), c'est-à-dire des citoyens romains, des Latins et des Alliés auraient été tués alors.

248 Première guerre de Mithridate, voir chap. 75.

249 Deuxième guerre de Mithridate, voir chap. 74

250 Troisième guerre de Mithridate, voir chap. 77.

251 12 mars 79 av. J.-C.

252 Il n'était pas alors magistrat, mais avait été désigné par le Sénat pour conduire la lutte contre Lépide et investi d'un imperium exceptionnel.

253 77 av. J.-C.

254 Pompée qui a fait une carrière exceptionnelle, a accédé directement au consulat en 70 av. J.-C. sans avoir géré aucune magistrature auparavant : il n'a jamais été préteur.

255 La guerre dura de 77 à 71 av. J.-C.

256 67 av. J.-C.

257 Troisième guerre de Mithridate, voir chap. 76.

258 Voir chap. 78.

259 Désastre de Carrhes, été 53 av. J.-C.

260 9 août 48 av. J.-C. (7 ou 28 juin julien).

261 Ptolémée XIV (51-48 av. J.-C., l'aîné des fils de Ptolémée Aulète (80-51 av. J.-C.), alors âgé d'une douzaine d'années. C'était le frère de Cléopâtre (cf. chap. 86).

262 Telle est la fin de la notice sur Pompée dans la tradition A, celle qui regroupe le De Viris avec l'Origine du peuple romain et le Livre des Césars ; la tradition B, celle qui a transmis le De Viris seul termine ainsi la notice : "... il s'enfuit auprès de Ptolémée d'Alexandrie et fut tué sur son ordre ; et César le pleura en voyant sa tête, et tira vengeance de sa mort".

263 Interpolation des deteriores de la tradition B. (sans doute d'après une lecture de Lucain, Pharsale,VIII).

264 Le propréteur M. Minucius Thermus, chargé de mission contre Mitylene en 81 av. J.-C.

265 Nicomède IV, que les Romains avaient remis sur le trône dont il avait été chassé par Mithridate (cf. chap. 76).

266 Cn. Cornelius Dolabella, une créature de Sylla, consul en 81 av. J.-C., ancien gouverneur de Macédoine, accusé de concussion en 78 av. J.-C., fut défendu par Hortensius et l'oncle de César, L. Aurelius Cotta. En réalité, César perdit ce procès, comme un autre, peu après, contre Antonius Hybrida. Ce type d'accusation devant les quaestiones perpetuae faisait partie de la formation à l'éloquence des pueri nobiles.

267 En 62 av. J.-C.

268 Après son consulat en 59 av. J.-C., César est proconsul des Gaules jusqu'au début de la guerre civile.

269 En réalité, les campagnes de 55 et 54 av. J.-C. furent des échecs, que Florus (I,45) présente lui aussi comme des victoires ; la Bretagne ne sera conquise (en partie) que par l'empereur Claude, à peu près un siècle plus tard.

270 Voir chap. 77.

271 Bataille de Thapsus, le 6 avr. 46 av. J.-C. (6 fév. julien).

272 Le 17 mars 45 av. J.-C. Munda fut effectivement la plus difficile victoire de César.

273 Sénatus-consulte du 14 fév. 44 av. J.-C.

274 Voir chap. 82 et 83.

275 L'A. utilise le terme familia à la place de gens qui serait le terme correct. L'adoption testamentaire faite par César est une adrogatio qui ne fut validée par les comices curiates qu'après l'accession de César le Jeune au consulat le 18 août 43 av. J.-C.

276 Bataille de Philippes en 42 av. J.-C. Voir chap. 82 et 83.

277 Bataille de Naulocque en 36 av. J.-C.

278 Voir chap. 77.

279 Voir chap. 85

280 Voir chap. 86.

281 2 sept 31 av. J.-C.

282 Phraate IV Arsace XIV (37 - 2 av. J.-C.), rendit en 20 av. J.-C. à Auguste les enseignes prises à Crassus en 53, à Decidius Saxa en 40, à Antoine en 36 av. J.-C.

283 Voir chap. 3.

284 La source de ce contre sens historique, que l'on trouve également chez Florus (2,34,66) et chez Ampelius (18,21 et 19,3) est vraisemblablement Cornelius Nepos, pour les raisons que j'ai expliquées dans mon édition d'Ampelius ( CUF, p. XV, n. 26).

285 M. Liuius Drusus, tribun de la plèbe en 91 av. J.-C. (voir chap. 66.).

286 En 58 av. J.-C., par Clodius, tribun de la plèbe.

287 Pendant la discussion au Sénat qui suivit l'arrestation des complices de Catilina en 63 av. J.-C. L'A. a inversé l'ordre chronologique des éléments de la vie de Caton.

288 Voir chap. 77 et 78.

289 Q. Caecilius Metellus Pius Scipio, consul avec son beau-père Pompée à partir d'août 52 av. J.-C. Il se tua après sa défaite de Thapsus.

290 Après avoir relu le Phédon, le lendemain de la défaite de Thapsus qui eut lieu le 6 avr. 46 (= 6 fév. julien).

291 Un certain nombre d'origines fantaisistes ont été données à Cicéron ; d'après Plutarque (Vie de Cic. 1), certains le faisaient descendre de Tullus Attius, un chef des Volsques à l'époque archaïque, ce qui est moins invraisemblable.

292 Le Pro Roscio Amerino fut prononcé sans doute en 79 av. J.-C.

293 76-75 av. J.-C.

294 Le procès de Verrès eut lieu en 70 av. J.-C., c'est l'année suivante que Cicéron fut édile.

295 Cicéron fut préteur en 66 ; ce n'est qu'en 51-50 av. J.-C., bien après son consulat et son exil, qu'il fut gouverneur de Cilicie.

296 63 av. J.-C., répression de la conjuration de Catilina.

297 En fait, cinq ans après : la Lex Clodia de capite ciuium, bannissant les citoyens romains qui auraient fait mettre à mort un citoyen romain sans jugement, fut votée seulement le 12 mars 58 av. J.-C.

298 Voir chap. 77 et 78.

299 Lex Clodia de prouinciis consularibus et Lex Clodia de permutatione prouinciarum.

300 En sept. 57 av. J.-C.

301 Les Philippiques furent prononcées contre Antoine (cf. chap. 85) entre sept. 44 et avril 43 av. J.-C. Auguste (cf. chap.79) ne s'appelle encore qu'Octave, Octavien, ou bien César le Jeune.

302 27 nov. 43 av. J.-C. par la Lex Titia.

303 Des corbeaux, entrés par la fenêtre de la chambre où il se reposait s'étaient posés sur son lit. Il a été tué le 7 déc. 43 av. J.-C.

304 Voir le chap. 80.

305 Ap. Claudius Pulcher, consul en 54 av. J.-C. : Brutus était alors questeur.

306 Voir le chap. 77.

307 Voir le chap. 78.

308 Voir le chap. 79.

309 Après le désastre de Carrhes en 53 av. J.-C., le proconsul Crassus avait été fait prisonnier par le Suréna, puis exécuté.

310 En 49 av. J.-C.

311 Voir chap. 78.

312 Voir chap. 79.

313 Voir chap. 82.

314 Voir chap. 85.

315 La notice sur Cassius vient à la suite de celle de Brutus, mais sa mort est antérieure d'une quinzaine de jours à celle de son ami (première bataille de Philippes).

316 Voir chap. 78.

317 Paix de Pouzzoles, en oct. 40 av. J.-C. Sex. Pompée reçoit le titre de consul, la Sicile, la Sardaigne, la Corse et une indemnité pour ses biens confisqués.

318 Voir chap.85.

319 César le Jeune, le futur Auguste, cf. chap. 79.

320 M. Vipsanius Agrippa († en 12 av. J.-C.), compagnon et futur gendre d'Auguste.

321 Voir chap. 78.

322 Depuis sa questure de Gaule en 53 av. J.-C.

323 Le 15 fév. 44 av. J.-C., un mois avant l'assassinat.

324 Voir chap. 79.

325 21 avril 43 av. J.-C.

326 Decimus Brutus, un parent de M. Iunius Brutus (qui fait l'objet du chap. 82).

327 L'invasion de la Syrie par Orodès II et son fils Pacorus (hiver 41/40 av. J.-C.) est suivie par les campagnes du légat d'Antoine P. Ventidius Bassus (39-38 av. J.-C.), puis par une offensive d'Antoine lui-même (36-33 av. J.-C.) qui se termine par une retraite désastreuse.

328 Voir chap. 86.

329 Voir chap. 77 et 78.

330 Voir chap. 85.


FORUM ROMANUM