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Marcus Junianus Justinus
Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée.
texte établi et traduit par Marie-Pierre Arnaud-Lindet.

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Livre XXVII

Guerres de Séleucos Kallinikos, La guerre de Laodice 1,1—Antiochos Hiérax, 2,6—La situation en Asie mineure, 3,1—Les frères ennemis : Séleucos II et Antiochos Hiérax, 3,6.


1 2 3

La guerre de Laodice 1,1 Alors qu'après la mort du roi de Syrie Antiochos1, son fils Séleucos2 lui avait succédé, il inaugura son règne par un parricide - sa mère Laodice l'y poussait, elle qui aurait dû le lui interdire3 - ; 2 de fait, il tua sa belle-mère, Bérénice, la sœur du roi d'Égypte Ptolémée4, et le bébé de celle-ci, son petit frère. 3 Après avoir perpétré ce crime, il se vautra dans l'infamie en même temps qu'il s'empêtrait dans une guerre avec Ptolémée.

4 Ajoutons que Bérénice, alors qu'elle avait appris que des gens avaient été envoyés pour la tuer, s'enferma à Daphnè5. 5 Comme il avait été annoncé aux cités d'Asie qu'elle y était assiégée avec son petit garçon, toutes, ayant pitié d'un revers de fortune si peu mérité, lui envoyèrent des renforts en souvenir du prestige de son père et de ses ancêtres. 6 Quant à son frère Ptolémée, terrifié par le danger couru par sa sœur, il se précipite avec toutes ses troupes en abandonnant son royaume ; 7 mais, avant l'arrivée des secours, Bérénice est égorgée par traîtrise, puisqu'on ne pouvait s'en emparer par la force. L'indignation fut générale.

8 C'est pourquoi, alors que toutes les cités qui avaient fait défection avaient préparé une flotte immense, terrifiées par le récent témoignage de cruauté et aussi pour venger celle qu'ils avaient voulu défendre, se livrent à Ptolémée 9 qui aurait occupé l'intégralité du royaume de Séleucos s'il n'avait été rappelé en Égypte par une révolte intérieure6. 10 Tant le crime de parricide avait apporté de haine à l'un et, à l'autre, de faveur, la mort d'une sœur, indignement frappée.

2,1 Comme, après le départ de Ptolémée, Séleucos avait préparé une immense flotte contre les cités qui avaient fait défection, soudain, comme si les dieux avaient eux-mêmes tiré vengeance du parricide, la tempête s'étant levée, il perd sa flotte dans un naufrage ; 2 et, d'un si grand appareil, la Fortune ne lui laissa rien d'autre que son corps nu, la vie, et quelques compagnons de naufrage. 3 Ce fut certes un malheur, mais il arriva à souhait pour Séleucos, puisque les cités qui étaient passées à Ptolémée par haine pour lui, comme s'il y avait eu réparation par décision divine, changèrent soudain de sentiment, se prirent de pitié pour son naufrage et se remirent en son pouvoir. 4 Joyeux donc de ses malheurs, et rendu plus prospère par ses pertes, il engage la guerre contre Ptolémée dans l'idée qu'il l'égalait en forces, 5 mais comme s'il était né pour servir de jouet à la Fortune et n'avait repris les richesses de son royaume que pour le perdre, il est vaincu au combat et se réfugie tremblant à Antioche, guère plus accompagné qu'après son naufrage.

Antiochos Hiérax 6 De là, il écrit à son frère Antiochos7 des lettres où il implore son secours, lui offrant l'Asie à l'intérieur du mont Taurus pour prix de l'aide apportée. 7 Antiochos, pour sa part, avait alors quatorze ans et une avidité de régner qui n'était pas de son âge ; il ne saisit pas l'occasion avec autant de piété fraternelle que l'offre en comportait, au contraire, désireux comme un voleur de tout arracher à son frère, l'enfant assuma une audace criminelle et virile. 8 De là vient qu'il fut surnommé Hiérax8, puisqu'il poursuivait sa vie en arrachant le bien d'autrui, à la manière des oiseaux de proie, et non des hommes.

9 Pendant ce temps, alors que Ptolémée avait appris qu'Antiochos venait en aide à Séleucos, il fit la paix pour dix ans avec Séleucos pour ne pas combattre deux ennemis à la fois ; 10 mais la paix accordée par son ennemi est rompue par son frère qui, ayant pris à sa solde une armée de mercenaires gaulois, se conduit en ennemi après avoir été supplié au lieu de se conduire en frère, et fait la guerre au lieu de porter secours.

11 Dans ce combat, Antiochos fut certes vainqueur grâce à la valeur militaire des Gaulois9, mais les Gaulois, pensant que Séleucos était tombé au cours du combat, tournèrent leurs armes contre Antiochos lui-même, dans l'idée qu'ils ravageraient l'Asie plus librement, s'ils avaient éteint toute la lignée royale. 12 Quand Antiochos s'en rendit compte, il se racheta avec de l'or, comme des mains de brigands, et s'associa avec ses mercenaires.

La situation en Asie mineure
3,1 Pendant ce temps, le roi de Bithynie Eumène10, voulant s'emparer de l'Asie, un bien vacant, pour ainsi dire, une fois les frères séparés et à bout de force du fait de la guerre civile, attaque le vainqueur, Antiochos, et les Gaulois. 2 En possession lui-même de toutes ses forces, il écrase sans difficulté des gens encore meurtris par la rencontre précédente11.

3 En fait, à cette époque, toutes les guerres étaient menées pour la perte de l'Asie : dans la mesure où quelqu'un était assez fort, il s'emparait de l'Asie comme d'une proie. 4 Séleucos et Antiochos, des frères, faisaient la guerre à cause de l'Asie, le roi d'Égypte Ptolémée, sous prétexte de venger sa sœur, convoitait avidement l'Asie. 5 D'un côté Eumène de Bithynie12, de l'autre les Gaulois, troupe toujours à la solde des plus bas, ravageaient l'Asie, tandis que pendant ce temps, au milieu de tant de bandits, il ne se trouvait aucun défenseur de l'Asie.

Les frères ennemis : Séleucos II et Antiochos Hiérax 6 Alors que, après la défaite d'Antiochos, Eumène13 s'était emparé de la plus grande partie de l'Asie, les frères, qui avaient perdu la prime pour laquelle ils faisaient la guerre, ne purent pas même alors s'accorder ; au contraire, laissant de côté l'ennemi de l'extérieur, ils préparent pour leur perte mutuelle la reprise de la guerre.

7 À nouveau vaincu au cours de celle-ci14, Antiochos finit par arriver, épuisé par une fuite de plusieurs jours, auprès de son beau-père, le roi de Cappadoce Ariaménès15. 8 Alors qu'il avait été d'abord accueilli avec bienveillance, il apprit au bout de quelques jours qu'on lui préparait un guet-apens et il chercha son salut dans la fuite16.

9 Donc, alors qu'il n'y avait nulle part de lieu sûr pour le fugitif, il accourut auprès de son ennemi Ptolémée dont il estimait la loyauté plus sûre que celle de son frère ; il se souvenait et de ce qu'il allait faire à son frère, et de ce qu'il méritait de la part de son frère. 10 Mais Ptolémée, qui n'avait pas de dispositions plus amicales envers celui qui s'était rendu qu'envers un ennemi, ordonne de l'emprisonner sous étroite surveillance. 11 Antiochos aidé par les bons offices d'une courtisane qu'il avait intimement connue, s'échappe de là aussi en trompant ses gardiens, et il est tué par des brigands pendant sa fuite.

12 À peu près à la même date, Séleucos, quant à lui, meurt jeté à bas de son cheval après avoir perdu son royaume17. Ainsi les frères, exilés tous deux comme par des destins jumeaux après avoir détenu le pouvoir royal, subirent le châtiment de leurs crimes18.


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1 Antiochos II Qeo/s, † été 246 a.C.

2 Séleucos II Kallinikos, fils de Laodice (I), première femme du roi

3 Antiochos avait répudié Laodice pour épouser Bérénice (I) en 253 a.C., un gage de paix après la fin de la 2ème guerre de Cœlé-Syrie (c.259-253) ; la princesse lui aurait apporté une dot importante dont on ignore la composition (Jérôme, in Dan. 11,6).

4 Ptolémée III Évergète (246-221) avait succédé à son père Ptolémée II, mort le 28 janv. 246 a.C. ; Bérénice (I) est sa sœur germaine ; il a épousé sa sœur utérine Bérénice (II), la fille de Magas.

5 Près d'Antioche sur l'Oronte ; il s'y trouve un téménos et un sanctuaire d'Apollon où la reine a dû se réfugier en vertu de l'asylum ; à prpos de la dédicace de l'ensemble, cf. supra, 15,4,8.

6 La 3ème guerre de Cœlé-Syrie dure de 246 à 241. La reine aurait été tuée dès 246 a.C. La révolte qui contraint à la retraite Ptolémée n'est pas autrement connue ; peut-être est-elle à mettre en rapport avec le développement de Trogue Pompée, coupé par Justin, dont on a connaissance par une phrase du prologue : Comment Ptolémée tua Adéos après l'avoir repris.

7 Frère germain de Séleucos, il semble avoir été poussé par sa mère Laodice à exiger le partage du pouvoir, sous la forme de la régence de l'Asie mineure.

8 I(e/rac, "le Faucon".

9 Victoire d'Ancyre en 240/239 a.C.

10 Erreur de Justin pour Attale Ier de Pergame, qui a succédé en 241 a.C. à son cousin Eumène Ier (263-241)

11 Les deux § précédents "résument", dans la plus grande confusion le développement de Trogue Pompée dont le prologue nous a conservé la matière : et comment les Gaulois, vaincus à Pergame par Attale, tuèrent Ziaelas de Bithynie.

Le roi de Bithynie Ziaelas était le fils de Nicomède Ier ; il s'allia successivement à Ptolémée II et à Antiochos Hiérax ; il fut tué par les Gaulois en 230/229 a.C.

C'est Attale Ier, successeur d'Eumène Ier en 241 a.C., qui a battu Hiérax et les Gaulois devant Pergame c. 236 a.C. À partir de cette date, il prend le titre de roi.

L'insistance dans l'erreur Eumène/Attale répétée aux § 11-12, peut provenir de l'abréviateur.

12 = Attale de Pergame.

13 = Attale de Pergame.

14 En Mésopotamie, en 228 a.C.

15 Fils d'Ariarathe II, Ariaménès (=Ariarathe III) avait épousé Stratonice, une sœur de Séleucos II (Diodore,31,19,6) et de Antiochos Hiérax. Pour sa part Hiérax avait épousé une fille de Ziaelas de Bithynie.

Ariaménès se trouve donc être le beau-frère des deux frères ennemis, et non pas le beau-père de Hiérax. La confusion provient vraisemblablement de Trogue-Pompée qui a dû lire dans sa source le terme grec khdesth/s (= tout parent par alliance) et mal l'interpréter.

16 En fait, il mourut en Thrace en 226 a.C., dans un combat avec des mercenaires gaulois, comme l'évoque le prologue.

17 Il n'avait en réalité perdu que l'Asie mineure, au profit du royaume de Pergame et de dynastes locaux.

18 Tout le livre XXVII est marqué par la recherche de scènes dramatiques et une rhétorique moralisante, hostile aux monarques hellénistiques, qui provient vraisemblablement de Philarque d'Athènes, critiqué entre autres par Polybe (2,56) pour son goût du pathétique et l'absence de réflexion historique.


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